En 2021, alors qu’ils vivent à New York et travaillent dans l’agence de l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, Clio Dimofski et Olivier Garcé décident de partir pour le Portugal afin de lancer leur studio de design. Un choix qui ne doit rien au hasard. Olivier a des origines portugaises, et le couple fait déjà appel aux talents d’artisans lusitaniens pour son activité. Il jette son dévolu sur Lisbonne.
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Artisanat contemporain
Via une agence immobilière, il découvre un bel exemple lisboète présentant des détails pombalins (style architectural portugais du XVIIIe siècle). Au troisième étage de l’immeuble, un appartement de 200 m2 est à vendre. « Nous l’avons acquis sans le voir. Des amis architectes l’ont visité pour nous et nous leur avons fait confiance. » Ces derniers n’ont pas de mal à convaincre Olivier Garcé et Clio Dimofski du potentiel des lieux, qui nécessitent deux ans de travaux. Les voilà lancés dans un nouveau projet où ils sont leurs propres clients.


Fatalement, ils prennent plus de risques: poser des carreaux de céramique sur le manteau de la cheminée, émailler les crédences de la cuisine, sans être complètement sûrs du résultat, ou peindre en rouge magenta le couloir distribuant les pièces. Une tonalité forte qui contrebalance la lumière douce de la ville, laquelle illumine le reste de l’habitation, à la tonalité crème. « Cette expérience a nourri notre langage pour la suite », remarque le maître de maison.
Dans cet environnement, le développement de la sensibilité esthétique de la petite fille du couple se passe de tapis d’éveil, car elle grandit au milieu de créations originales et vintage, utilisées au quotidien, tels les canapés, les tables ou les luminaires. Le lieu étant ponctuellement ouvert à la visite, on pourrait craindre une vie sous cloche.


Un sentiment qui s’estompe rapidement tant la vie de famille (chien inclus) bat son plein. Les pièces de mobilier autoproduites, souvent expressives, ainsi que celles de créateurs et d’artisans locaux ne saturent pas l’espace. Leur caractère s’ajoute au cachet des lieux. Ce mélange de patine et de grands volumes a d’ailleurs été déterminant pour le couple, qui rêvait d’un endroit avec du vécu où le contemporain trouverait une place à sa mesure.
Un mélange de styles et d’époques
Le champ des possibilités créatives de l’artisanat portugais ne se conçoit pour les deux architectes d’intérieur qu’en « accord avec l’existant, touche par touche ». Un mélange de styles et d’époques qu’ils ont l’habitude d’appliquer chez leurs clients. Ici, il était important de garder la main légère pour mettre en valeur le cadre même de l’appartement.


Dans cet esprit, la cheminée blanche à degrés est inspirée du travail du designer italien Enzo Mari (1932-2020). Le parquet en pin a été conservé et le plafond, habillé d’un blanc cassé appliqué suivant la technique à la chaux. Pour le propriétaire, c’est ce qui permet d’apporter « chaleur et authenticité ».
Totalement réaménagée, la salle de bains, tout en rondeur, est le résultat d’un plan mûrement réfléchi. À gauche, les toilettes et la douche, à droite, les lavabos. Au centre, la baignoire ovale tapissée de panneaux de marbre, réalisés sur mesure. Au-dessus de celle-ci est accrochée une œuvre contemporaine en céramique de Hugo Cantegrel. L’ensemble est surplombé d’un luminaire italien vintage.


Enfin, illustrant la vision commune de Clio Dimofski et Olivier Garcé, le soubassement en pierre Estremoz s’intègre parfaitement dans ce projet contemporain et rappelle, l’air de rien, un je-ne-sais-quoi du passé dont est fait l’avenir.
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