C’est un cube de verre, de bois brûlé et de béton posé dans le jardin d’une maison de brique, dans le nord de la France. Cette résidence, voulue et imaginée par François Pinault, s’élève à quelques pas du Louvre-Lens, dans la cité 9, un quartier de petits pavillons autrefois rattaché à la fosse numéro 9 de la Société des mines.
L’un d’entre eux, l’ancien presbytère, a été transformé en habitation de trois étages, habillée de pin clair et de hêtre par les architectes Lucie Niney et Thibault Marca, de l’agence NeM, lauréats des Albums des jeunes architectes et paysagistes 2014. Installé à Paris dans le quartier de Belleville, le duo est plus habitué aux réhabilitations d’envergure (récemment, 40 logements sociaux à Fontenay-sous-Bois). Il a pensé ce lieu de création comme un outil. Grâce à ses parois coulissantes qui permettent de jouer sur la luminosité, l’atelier, d’une superficie de 77 m2, répond aux multiples pratiques des résidents.
« Ce côté multitâche favorise l’efficacité, précise Hicham Berrada. Je peux, sans me déplacer, travailler avec un vidéoprojecteur, une imprimante 3D ou un aquarium de 600 litres. » L’artiste, sélectionné par un comité composé de représentants de la fondation du mécène (Pinault Collection), mais aussi de cinq institutions régionales, a pris possession des lieux, inaugurés en 2016 par les New-Yorkais Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson.
Il est notamment reconnu pour ses aquariums, récipients en verre dans lesquels il jette différents composants chimiques qui, en se mélangeant, génèrent des paysages en mouvement. Arpenter une année entière les sols chargés de métaux de l’ancien bassin minier devrait inspirer le plasticien aux œuvres empreintes de sa double formation, artistique et scientifique. Et dont l’un des livres favoris, La Terre et les rêveries de la volonté, de Gaston Bachelard, traite du métallisme, du minéralisme et de la psychologie de la pesanteur.