Aux confins de la Puisaye (Yonne), à seulement 1h30 de Paris, la Métairie Bruyère est un lieu unique, entièrement dédié à l’image imprimée. Mais attention : ici, on ne trouve ni ordinateur ni imprimante. Le centre s’est en effet spécialisé dans les techniques de reproduction purement analogiques.
La Métairie est née à la fin des années 70. Après avoir racheté le domaine au chanteur Julien Clerc (huit corps de ferme regroupés au milieu d’un terrain de 33 hectares), ses propriétaires se portent acquéreurs de presses et autres outils de gravure rendus « obsolètes » par l’arrivée du numérique. Ces ateliers uniques attirent vite les plus grands artistes tels que Calder ou Miro. Plus récemment, Etel Adnan, Barthélemy Toguo ou M/M Paris ont eu recours à son expertise.
Mais ils ne sont pas les seuls : des galeries, des griffes de mode (comme Alexander McQueen), des éditeurs de livres d’art et des street-artistes y font imprimer des œuvres et documents d’exception. Sur place, ils peuvent piocher dans un immense stock de papiers anciens et rares. Mais surtout, ils ont accès à un matériel et des savoir-faire qui ont quasiment disparu en France : des presses de grand format pour réaliser des gravures, des lithographies et même de la typographie manuelle avec des caractères mobiles.
La Métairie Bruyère, lieu d’expérimentation
Depuis peu, la Métairie Bruyère a aussi convié des designers à venir expérimenter sur place un travail en deux dimensions. Pour son exposition estivale, elle a travaillé avec Fotokino, un centre d’art marseillais qui lui aussi promeut le dessin, la BD et les arts graphiques. Les œuvres présentées sont pour la plupart le fruit d’une résidence de deux années, encore en cours pour certains.
Certains, comme Pierre Charpin, ont pu continuer à créer quand le reste du monde s’est arrêté de tourner. Le designer est régulièrement venu sur place depuis son studio d’Ivry et a retrouvé à la Métairie Bruyère l’ambiance d’atelier d’artiste de son père. Ceux vivant à l’étranger, comme la Milanaise Nathalie du Pasquier ou l’Irlandais Nigel Peake, ont dû travailler à distance à cause de la crise sanitaire.
Un totem magnétique de Nathalie du Pasquier…
L’accrochage se répartit entre une salle noire et une blanche. Dans la première, le visiteur est notamment invité à recomposer un « totem » de Nathalie du Pasquier à partir de modules magnétiques aux couleurs vives. On y découvre aussi les dessins et gravures de Pierre Charpin qui jouent avec la tridimensionnalité et les compositions graphiques de Nigel Peake, architecte de formation devenu illustrateur.
Également Fanette Mellier, Sabine Finkenauer…
A l’étage, la salle blanche mêle des eaux-fortes du même Pierre Charpin et des petites sculptures de Philippe Weisbecker, inspirées de l’électricité, des poupées gigognes de Fanette Mellier et des compositions de Sabine Finkenauer. Pour chaque œuvre, un cartel permet de mieux appréhender la démarche et l’univers de chaque créateur.
En plus de cette exposition baptisée « Va-et-vient », la Métairie propose tout l’été des ateliers d’initiation à différents types de gravures et de typographie à destination des enfants comme des adultes, des ateliers d’encadrement, des concerts et une conférence sur la couleur dans le mouvement Memphis par la spécialiste Nathalie Volcouve.
> La Métairie, 89240 Parly. L’exposition « Va-et-Vient » est à voir jusqu’au 26 septembre, de 14 h à 19 h. lametairiebruyère.fr
> Émanation de la Métairie Bruyère, les éditions RLD veulent démocratiser le travail des artistes en éditant leurs œuvres en petite série pour les rendre plus accessibles. Cela se traduit cette année par l’édition de petits formats vendus 8 € pièce dans la librairie avec le reste des références de RLD.