La ville d’Helsinki (Finlande) s’est fixé un objectif ambitieux : la neutralité carbone de son système de chauffage urbain d’ici 2030. Pour y parvenir, la municipalité a organisé un concours international : Le Helsinki Energy Challenge 2021. L’un des lauréats est l’architecte et chercheur italien Carlo Ratti, du bureau international de design et d’innovation CRA (Carlo Ratti Assiociati). Ce dernier a décidé de se confronter à une problématique nouvelle, le stockage des énergies renouvelables, dont la production ne coincide pas avec la consommation. Il propose donc de développer le concept suivant : « Utiliser des “batteries” géantes où l’on va stocker de l’énergie lorsque les prix de production sont bas, voire négatifs, et les extraire lorsque la demande pour le système de chauffage urbain est élevée, notamment en hiver. » Voilà le postulat de base du projet « Hot Heart ».
Le projet primé consiste en une série d’îlots implantés sur la mer Baltique, à proximité de la ville d’Helsinki, où l’énergie sera stockée sous forme d’eau chaude. Le système fonctionne comme une centrale thermique géante. Il utilise des pompes à chaleur à eau de mer pour convertir en chaleur les énergies éolienne, solaire et autres sources renouvelables de la région. L’eau de mer ainsi chauffée sera stockée dans les réservoirs de Hot Heart, à l’intérieur de tuyaux situés au niveau des parois du bassin flottant. Jusqu’à 10 tuyaux seront placés les uns sur les autres, créant de grands réservoirs cylindriques de 225 m de diamètre et de 10 à 25 m de hauteur. Carlo Ratti voit en ces formes cylindriques un potentiel architectural en même temps qu’un dispositif parfaitement isolé, capable de conserver l’énergie sans déperdition.
Des forêts flottantes de Carlo Ratti au large de Helsinki
L’énergie est ainsi convertie en chaleur lorsque son coût est faible, voire négatif. Elles est stockée dans les réservoirs et, pendant l’hiver, elle est redistribuée dans le sytème de chauffage urbain de la ville. En plus de ses propriétés de stockage thermique, Hot Heart fait office de base de loisirs accessible aux habitants de la ville. Quatre des dix réservoirs prévus sont en effet enfermés dans des dômes transparents contenant des « forêts flottantes » où différentes activités seront proposées. Carlo Ratti prévoit d’y installer des saunas, des cabanes, un musée et un centre de recherche sur l’avenir de l’énergie durable.
L’architecte veut faire de son concept une destination touristique à part entière proposant pour la toute première fois des forêts flottantes, milieux naturels reconstitués dont la température est contrôlée grâce à la chaleur stockée. Chacun des quatre dômes contiendrait une forêt tropicale reconstituée (Amazonie, Amérique centrale, Congo, Asie du Sud-Est). Les visiteurs seront amener à explorer et à se baigner dans des piscines, s’immerger dans le climat et la végétation des biotopes lointains. « Hot Heart offre une expérience unique, réunissant les mondes naturel et artificiel », s’enthousiasme Carlo Ratti, qui envisage même que son son concept devienne une destination touristique à part entière.
Un modèle transposable ailleurs dans le monde ?
Ce n’est pas la première fois que Carlo Ratti s’attaque aux problématiques environnementales avec une approche singulière, faite de différents cycles. Avec « Living Nature » (2017), il inventait déjà des jardins artificiels climatisés correspondant chacun à une des quatre saisons, en mêlant architecture et expérience sensorielle.
Avec cette expérience finlandaise, ses concepteurs espèrent démontrer que ce modèle est non seulement viable mais qu’il peut s’exporter ailleurs dans le monde. Pour ce faire, Carlo Ratti a mis l’accent sur l’intelligence artificielle au service de l’organisation des flux d’énergie. Cette technologie permet d’optimiser la synchronisation de la production et de la consommation et ainsi à la circulation de l’énergie d’afficher un bilan carbone neutre. L’inauguration du projet Hot Heart est prévue pour 2028.
> Informations le projet Helsinki Energy Challenge.