Frank Lloyd Wright : ses 5 folies architecturales qui ont marqué cinéma et design

Peu d’architectes peuvent se vanter de laisser leur enpreinte au patrimoine mondial de l’Unesco. Du musée Guggenheim de New York à la célèbre Maison sur la Cascade en Pennsylvanie, Frank Lloyd Wright (1867-1959) en compte huit. De folies pharaoniques en épures japonisantes, il a inventé l’architecture moderne américaine, qu’il a théorisée sous le nom d’« architecture organique ». Focus sur 5 de ses projets hors normes qui ont marqué l’histoire de l’architecture… et du cinéma !

Témoin des débuts de la verticalisation des cités américaines, Frank Lloyd Wright oriente son regard vers les banlieues naissantes, notamment celle de Chicago. Il y développe un art de l’habitat individuel novateur, baptisé Prairie School, car ouvert sur la nature. Visionnaire, il puise cependant son inspiration dans les cultures, parfois disparues, qui ont façonné les États-Unis. Au total, il a imaginé près de 800 projets, dont la moitié a vu le jour, nombre d’entre eux réinterprétant des motifs amérindiens ou mayas, à l’image de la célèbre Ennis House, perchée sur les hauteurs d’Hollywood, qui figure naturellement dans notre sélection.


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1. Ennis House : l’icône hollywoodienne en béton tissé (1924, Los Angeles)

Inaugurée en 1924 sur les collines de Los Feliz, en Californie, l’Ennis House a été commandée par Charles et Mabel Ennis, dont elle porte le nom. Évoquant une forteresse imposante, elle s’inscrit dans un projet expérimental novateur : celui des textile block houses. Chacune des quatre maisons issues de ce programme a été construite selon un procédé original, le textile block system, que l’on pourrait traduire par « construction en blocs de béton tissé ».

Ennis House – Hollywood à ses pieds : béton et cinéma
Ennis House – Hollywood à ses pieds : béton et cinéma

Après avoir assemblé une structure de blocs de béton préfabriqués, moulés sur place, Frank Lloyd Wright orne l’ensemble de motifs en relief inspirés des anciens temples mayas d’Uxmal. Une fois achevée, nul n’aurait imaginé qu’elle deviendrait une véritable star hollywoodienne, grâce à plus de 80 apparitions à l’écran, notamment dans Le Jour du fléau, Blade Runner ou encore la série Buffy contre les vampires. Un CV impressionnant qui fait exploser sa cote. En 2019, cette maison emblématique est vendue pour 18 millions de dollars, devenant la transaction la plus coûteuse jamais réalisée pour un bâtiment conçu par Wright.


2. La Maison sur la Cascade : fusion parfaite de la nature et de l’architecture (1935, Pennsylvanie)

Située dans les Laurel Highlands, en Pennsylvanie, la Maison sur la Cascade (Fallingwater House) est sans doute celle qui illustre le mieux le concept de Prairie School et la volonté de Frank Lloyd Wright de fondre l’architecture dans la nature. Nichée au cœur d’une réserve naturelle à la végétation luxuriante et édifiée au-dessus d’une chute d’eau de neuf mètres, elle est construite en pierre locale et achevée en 1939 pour Edgar Kaufmann, propriétaire de la chaîne de grands magasins de Pittsburgh.

Fallingwater – Quand la pierre épouse la cascade
Fallingwater – Quand la pierre épouse la cascade

Dans le salon, l’âtre de la cheminée se confond avec les roches du site, tandis que les larges baies vitrées, balcons et terrasses invitent les hôtes à contempler le paysage alentour. Considérée comme le chef-d’œuvre de Frank Lloyd Wright, la maison est transformée en musée public en 1964, puis restaurée en 2001 pour la coquette somme de 11 millions de dollars.


3. Guggenheim Museum : spirale vertigineuse et chef-d’œuvre new-yorkais (1959, New York)

Directrice artistique de la fondation Guggenheim, Hilla Rebay proposa à Frank Lloyd Wright, au début des années 1940, d’ériger en plein Manhattan un « temple de l’esprit », à la fois conceptuel et spirituel, qui permettrait d’offrir un regard neuf sur les œuvres du musée. L’architecte imagine alors une forme circulaire reposant sur une rampe continue où déambuleraient les visiteurs. Conduits en ascenseur jusqu’au sommet, ils se laisseraient guider jusqu’à la base de l’atrium, d’où ils pourraient embrasser du regard l’ensemble de la rotonde : le clou de la visite.

Guggenheim – Spirale et vision organique en plein Manhattan
Guggenheim – Spirale et vision organique en plein Manhattan

Le projet validé, Wright conçoit une spirale inédite pour un musée de cette époque, évoquant la coquille d’un nautile et truffée de références à la nature : une façade semblable à la peau d’un citron découpée et une verrière rappelant une toile d’araignée. Ainsi, Frank Lloyd Wright réussit son pari : faire entrer la nature au cœur de New York dans un exemple unique de design architectural.


4. Taliesin East : laboratoire d’idées et refuge organique (1911, Wisconsin)

Véritable laboratoire de 3 400 mètres carrés digne d’un savant fou, Taliesin East est à la fois la maison de vacances de Frank Lloyd Wright, son musée d’art japonais, son cabinet d’architecte, son école d’architecture et le siège de sa fondation. Il l’érige sur les terres de son enfance, héritées de sa mère, près du village de Spring Green, dans le Wisconsin, en plein cœur d’une campagne isolée.

Taliesin East – Laboratoire géant de l’architecture organique
Taliesin East – Laboratoire géant de l’architecture organique

En la construisant à partir de matériaux locaux, il pose les fondations de son concept d’architecture organique, en symbiose avec les éléments naturels qui l’entourent. Achevée en 1911, Wright la baptis Taliesin du nom du célèbre barde-poète gallois du VIe siècle, en hommage à ses origines familiales.

5. Unity Temple : audace religieuse et géométrie massive (1908, Oak Park, Illinois)

En 1908, Frank Lloyd Wright révolutionne l’architecture religieuse avec la construction d’Unity Temple, à Oak Park, dans l’Illinois. Ici, ni clocher pointant vers le ciel, ni entrée ostentatoire. Son intention première était de créer deux espaces distincts : l’un dédié au culte, l’autre aux activités communautaires.

Unity Temple – L’église qui a osé défier le classicisme
Unity Temple – L’église qui a osé défier le classicisme

Réalisée en béton armé pour la communauté unitarienne locale, l’église se distingue par ses volumes massifs, sa géométrie épurée et sa monumentalité. Bien que certains y voient un écho aux temples égyptiens, Wright n’a jamais revendiqué cette filiation.


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