A l’heure de la tequila, sur la terrasse du musée Tamayo, au cœur du parc de Chapultepec, l’architecte Emilio Cabrero, fondateur de la design week de Mexico nous répond cash : « Il y a neuf ans, je me suis inspiré de Casacor, la plus grande manifestation brésilienne de décoration intérieure. Je me suis dit que nous devions faire pareil ! » « Nous », ce sont ses associés du studio C Cubica : Andrea Cesarman, qui supervise le contenu de la manifestation, et Marco Coello, le directeur adjoint. Le quatrième cerveau de la DWM2017, Jaime Fernandez, est, lui, en charge des relations extérieures. Ensemble, ils ont fait de la design week de Mexico un événement atypique.
Durant cette semaine de célébration, visiteurs et curieux peuvent se rendre à la foire « classique », composée d’une centaine d’exposants. Mais c’est loin d’être le meilleur endroit pour dresser un état des lieux du design mexicain. La design week a en effet été pensée comme une plateforme culturelle à portée internationale qui essaime dans toute la ville. Jusqu’au 25 février, le Musée d’art moderne reçoit ainsi la Suisse comme pays invité.
Et puis il y a tous ces designers venus d’Europe pour travailler avec des artisans locaux comme le Français Fabien Capello. Carla Sodi Ambrosi, la directrice générale de Casa Wabi, la fondation créée pour susciter ce genre de collaborations, insiste sur la notion « d’échange et de respect ». Ici, les designers ne viennent pas à la rencontre d’une main d’œuvre mais d’une richesse de savoir-faire. Le directeur du musée Tamayo a, lui, ouvert ses portes à la design week pour deux expositions : « Inédito » donne à voir le travail de jeunes designers et « Vision e Tradicion » met en avant des projets reliant artisanats traditionnels et design.
D’autres évènements se développent dans la ville. Chaque année, le réseau fédère de plus en plus d’acteurs. Et les surprises abondent. En 2018, Mexico deviendra capitale Mondiale du Design (juste avant Lille en 2020). Ce sont nos quatre cerveaux de la Design Week qui ont posé la candidature de la ville. Et ils ont gagné. IDEAT vous explique pourquoi en cinq initiatives.
1/ Archivo, le conservatoire vivant du design mexicain
Il y a deux ans, l’architecte Fernando Romero et son épouse Soumaya Slim fondaient Archivo, un centre de documentation physique et en ligne axé sur le design de 1 500 objets de la vie quotidienne, toutes époques confondues. C’est aussi un espace d’exposition consacré jusqu’en janvier aux « 100 fondements du design mexicain ». Dirigée par le designer Mario Ballesteros et installée à Tacubaya dans une maison d’architecte, cet immeuble-forteresse recèle des trésors. Le Français Fabien Cappello vient d’y aménager un salon de lecture.
2/ Design House Deluxe
Jusqu’au 22 octobre, Design House reçoit dans une villa, investie par la crème des designers et des architectes d’intérieur mexicains. Pour savoir à quoi peut ressembler une belle maison où des décorateurs locaux font de l’espace une expérience. Du conversation pit au bureau sur le toit conçu par le designer Rodrigo Alegre, les thèmes vont du coureur automobile à la diva.
3/ Desiño Contenido, le design en boîte…
Dans un lieu très fréquenté, le parc Lincoln, une vingtaine de containers accueillent des designers comme des locataires d’un mini-showroom compact dont personne n’hésite à pousser les portes… parce qu’elles sont toujours ouvertes ! Une fête urbaine autour du design ou l’on passe avec ses enfants, son chien. Les Mexicains en raffolent. On vient du quartier de Polanco en voisins voire de plus loin. On y voit même des éditeurs étrangers comme le spécialiste espagnol des tapis Gan.
#wdccdmx2018
4/ Blend Design, le bon mélange
A Lomas de Chapultepec, Blend Design est à la fois un grand concept-store et un éditeur de design fondé par les quatre architectes fondateurs de la design week. Les créations des designers mexicains y sont légion. Mais il n’était pas question d’en faire une sage vitrine nationale. On peut trouver chez Blend Design la création la plus personnelle, mais la maison distribue aussi des éditeurs internationaux : dans ce vaste showroom, on trouve aussi bien des téléphones à cadran que des livres des éditions Assouline.
5/ Mexique, terre d’accueil…
De plus en plus de designers viennent des Etats-Unis ou d’Europe travailler une partie de l’année à Mexico. A l’image du studio d’architectes international Savvy, qui est basé à New York mais a créé une succursale permanente ici. De l’identité de marque à l’architecture, ce studio fait feu de tout bois. Pour la design week, ils ont monté une exposition baptisée « Brighter Future » dans leur quartier de Roma Norte. On y découvrait des maquettes architectures de cités utopiques, mais fabriquées en chocolat ! Les architectes ont en effet développé leur propre marque de confiseries où le cacao est parfumé d’épices originales. A quelques mètres de là, Stromboli Associates (de la designer française Clémence Seilles) exposait son mobilier avec celui d’un collectif de designers locaux dont Pablo Limon Design Office.