Pour célébrer Louise Bourgeois, le Kunstmuseum de Bâle a invité l’artiste américaine Jenny Holzer à sélectionner des œuvres de son amie plasticienne. Autres duos, autres destinations, à Milan, la Fondation Prada expose les subversifs Elmgreen & Dragset, tandis qu’à Paris le Centre Pompidou et la Bourse de Commerce s’associent pour retracer les cinquante ans de carrière de Charles Ray. Focus sur trois expositions de sculpture à découvrir au printemps.
L’art de la contestation
Elmgreen & Dragset
L’un, Michael Elmgreen, est né au Danemark, en 1961, l’autre, Ingar Dragset, en Norvège, en 1969, et les deux travaillent à Berlin depuis 1997. Ils sont connus pour leurs sculptures déroutantes voire subversives, comme, en 2005, la reconstitution d’une boutique Prada en plein désert texan, égratignant ainsi en liens étroits qui unissent le monde de l’art à celui du luxe. Une installation ne semble pas avoir échaudé le géant du prêt-à-porter qui ouvre au duo scandinave les portes de sa fondation à Milan. Elmgreen & Dragset y présente « Useless Bodies », une sélection d’œuvres parmi les plus iconiques, telle Pregnant White Maid (photo). Cette domestique
en uniforme incarne la soumission… que vient contrarier son ventre rond. Exemple parfait de la volonté du duo d’éveiller les consciences.
> « Useless Bodies ». À la Fondation Prada, à Milan, jusqu’au 22 août. Fondazioneprada.org
Pour l’amour des mots
Louise Bourgeois x Jenny Holzer
Est-il encore nécessaire de présenter Louise Bourgeois, née en France en 1911, alors que balbutie le mouvement cubiste, et décédée à New York quasi centenaire, après avoir inspiré toute une génération d’artistes, de Christian Boltanski à Dominique Gonzalez-Foerster ? Longtemps ignorée de ce côté-ci de l’Atlantique – sa première rétrospective a lieu au Centre Pompidou en 2008 –, Louise Bourgeois laisse une sculpture pléthorique. Certaines de ses pièces ont été sélectionnées par son amie Jenny Holzer (1950-), célèbre pour ses néons au format XXL. Toutes deux partagent l’amour des mots, en forme de slogans sociopolitiques pour Holzer ou de pensées intimes pour Bourgeois, témoignages
des traumatismes de son enfance. Ce que révèle cet hommage à Louise Bourgeois.
> « Louise Bourgeois x Jenny Holzer – The Violence of Handwriting Across a Page ». Au Kunstmuseum Basel, à Bâle, jusqu’au 15 mai. Kunstmuseumbasel.ch
Une contemporanéité radicale
Charles Ray
Charles Ray ? C’est l’artiste par qui le scandale éclata lorsque sa sculpture, Boy With Frog, représentant un enfant nu tenant une grenouille par une patte, remplaça, en 2009, un lampadaire du XIXe siècle, haut lieu de rencontres romantiques à Venise… D’un blanc immaculé et haute de 2,50 mètres, elle trônait à l’intersection du Grand Canal et de la Giudecca, signalant le musée de François Pinault, à la Pointe de la Douane. Treize ans plus tard, la fidélité du collectionneur français se vérifie : il offre à l’artiste américain (1953-) la quasi-totalité des salles de la Bourse de Commerce, à Paris. Qu’importe la matière, Charles Ray s’inspire de l’histoire de l’art, de la culture populaire et des médias, pour interroger les notions d’identité, de race et de genre.
> « Charles Ray ». À la Bourse de Commerce – Pinault Collection, à Paris (Ier), jusqu’au 6 juin. Pinaultcollection.com Et au Centre Pompidou, à Paris (IVe), jusqu’au 20 juin. Centrepompidou.fr