« Costa Navarino est une destination à part entière » nous explique-t-on à la réception de l’hôtel. Une destination au cœur du Péloponnèse qui mérite d’y consacrer tout un séjour. A environ trois heures de vol depuis Paris, un atterrissage à Kalamata est synonyme de saut dans l’inconnu. Si la première franchise de la collection W a motivé ce voyage, posant les premiers jalons de notre odyssée grecque, peu de littérature existe en effet sur les autres trésors qu’abrite cette péninsule d’à peine un million d’habitants.
Costa Navarino : l’hôtellerie pas comme les autres
Détaché de ces deux grands-frères, The Westin and The Romanos, tous deux baptisés en 2010, W Costa Navarino inaugure un nouveau port d’attache, les pieds dans l’eau de la baie de Navarino.
Au commencement de ce projet pharaonique se trouve un homme. Le capitaine Vassilis C. Constantakopoulos (1935-2011), amoureux de la région de la Messénie, compte bien lui accorder le rayonnement international qu’elle mérite et créer du travail pour les jeunes qui la fuient. Riche d’une affaire d’import-export outre-Atlantique, il acquiert de nombreuses terres autour de la baie de Navarino au mitant des années 1980. En 2010, un golf et une paire d’hôtels voisins voient enfin le jour sur le site de « Navarino Dunes », à quinze minutes de voiture au nord de la baie. Le capitaine s’éteint l’année suivante.
Aujourd’hui, la main-mise de Temes, la société fondée dans le Péloponnèse par la famille Constantakopoulos et désormais dirigée par le second fils, Achilles, s’étend sur plus de 1000 hectares. C’est ce que Costa Navarino désigne comme étant sa « destination ». Temes chapeaute quatre golfs, trois hôtels et bientôt un quatrième sous l’égide de la marque Mandarin Oriental, ainsi qu’un parc de villas de luxe privées. Se pose ainsi la question de son impact sur l’environnement. Homme de la mer attaché à son riche terroir, Vassilis Constantakopoulos a toujours mis au cœur de son projet l’écologie et l’humain, même à une époque où ses valeurs n’étaient pas « à la mode ».
Concrètement, le groupe s’engage depuis sa création à réduire ses consommations d’eau et d’énergie (il dispose de trois réservoirs de 1,180.000 m³ afin de récupérer les eaux de pluie et a installé le plus grand parc géothermique d’Europe sous ses parcours de golf, soit 123 km de conduits). La préservation des écosystèmes et la biodiversité de la région sont également au cœur des actions de Temes. Elle œuvre par exemple depuis 2010 à la protection d’une espèce de tortues endémiques, la Caretta Caretta, qui vient pondre sur la plage du Romanos hotel. Autre exemple : les infrastructures de la destination ont été bâties en partie sur des champs d’oliviers. Ceux-ci ont été déplacés dans des champs voisins afin d’être replantés une fois les hôtels et parcours de golf achevés.
Un hommage au Péloponnèse et à la Grèce
Nos premiers pas au W Costa Navarino donnent le ton. On se tient dans un lobby qui domine les piscines de l’établissement et offre une vue sur la mer Ionienne. « Par chaleur caniculaire ou température plus modérée, on sent toujours une petite brise » confirme notre hôtesse face à notre surprise. Un souffle frais vient en effet caresser nos bras, premier clin d’œil architectural à la quête permanente de fraîcheur des habitants du coin.
Cet ancrage local se manifeste avant même d’atteindre la réception. Depuis le parking, deux détails intriguent : la présence de salons d’extérieur confortables et celle, imposante, d’une sculpture en forme de « W ». Les salons d’extérieur sont une nouvelle expression de l’abolition des frontières entre intérieur et extérieur typique du mode de vie grec. Le totem souligne, quant à lui, l’appartenance de l’hôtel à la collection du groupe Marriot. L’opus situé dans la baie de Navarino est en revanche sa toute première franchise.
Dans cette baie paisible, l’architecte Alexandros Tombazis a imaginé un hôtel certes important — il comprend 256 chambres et suites, trois piscines et autant de restaurants — mais parfaitement intégré dans son environnement. Gage de son implication en faveur des écosystèmes locaux, un plongeur relève une fois par semaine les détritus qui jonchent les fonds marins proches de l’hôtel.
En écho à cette philosophie, le cabinet d’architecture a employé de nombreux matériaux et techniques propres aux constructions locales. On retrouve le même courant d’air au Parelía, le restaurant de bord de plage coiffé d’un toit mais libre de toutes cloisons. Aussi, pour maintenir la température la plus fraiche possible dans les intérieurs cloisonnés et pour éviter au maximum l’utilisation de climatiseurs, une roche grise endémique aux propriétés filtrantes recouvre les bâtiments.
L’art et le design ne sont jamais loin…
Côté déco, si l’on retrouve des figures bien connues du design contemporain — Faye Toogood et son fauteuil « Roly Poly » par exemple —, les artisans et marques grecs ont largement été mis à contribution. Les céramiques qui ornent un mur du lobby sont produites à la main dans cette région du Péloponnèse, tout comme les tapis, tandis que le bois au sol et sur les tables provient d’oliviers déchus…
Les chambres, quant à elles, ont été conçues par MKV Design, installé à Londres, et font la part belle aux savoir-faire artisanaux. Le geste du sellier signe les fauteuils en cuir, le potier est représenté sur une stèle qui met en valeur une amphore revisitée, le vannier a tressé des têtes de lit… Le mobilier composé de nombreuses fibres (lin, coton, laine) et matériaux organiques (bois, marbres) habille ces cocons qui offrent une bulle de réconfort et sont dotés de domotique moderne.
L’art fait également partie intégrante de ce nouvel hôtel du Péloponnèse. L’artiste Poka-Yio en est le curateur et souligne que « l’art n’est pas décoratif au W Costa Navarino. Il sert un propos plus profond : il doit vous inciter à regarder le monde d’un œil nouveau. » Ainsi, il a commandé la plupart des œuvres à The Athens School of Fine Art, à l’image du totem W, façonné à partir des débris de vieux bateaux et chalutiers échoués sur la cote ionienne.
Chacune des pièces artistiques qui ponctuent le décor est une référence aux racines du groupe. Poka-Yio a d’ailleurs lui même imaginé « Traces », une installation pour l’espace réception, faite en feuilles d’argile et inspirée des tablettes d’écriture en linéaire B, forme archaïque du grec ancien.
Le W Costa Navarino est aussi une destination gastronomique
Ouvert sur la baie de Navarino, Parelía est un étonnant beach bar couplé d’un restaurant mis en scène par les athéniens de K-Studio. Cet espace de restauration est ouvert du matin au soir et offre une carte logiquement (et littéralement) tournée vers la mer, entre crudos et poissons braisés, accompagnés de légumes assaisonnés d’épices de la région. Cookery, une table viandarde, opère le soir juste derrière Parelía, avec vue sur la piscine. Le matin, ces deux espaces et le coffee shop proposent une expérience gastronomique complète dès le petit-déjeuner.
Marque de fabrique de la collection, le « lounge » du W Costa Navarino est un lieu hybride, entre espace de réunions informelles, bar d’hôtel et restaurant sur le pouce qui offre la même vue que le lobby, terrasse en plus, sur les environs. Quelques œuvres d’art sont également à découvrir, notamment une pièce tissée judicieusement placée dans un courant d’air (encore un !), dont l’ombre se reflète sur le mur au coucher du soleil.
Véritable moteur économique d’une région qui poussait naguère ses jeunes dans les bras de cités plus dynamiques, Costa Navarino soulève également les problématiques liées à la croissance du tourisme. Les constructions sur les terres du Péloponnèse appartenant à Temes n’excèderont jamais 10 % de leur superficie totale, on nous le promet. La nature est omniprésente, le calme règne et tout ce dont l’on pourrait avoir besoin est à portée de téléphone. C’est peut-être la raison qui donne à un séjour au W la saveur d’une échappée belle.
> Hôtel W Costa Navarino. Navarino Waterfront, Messinia, 24001 Grèce. Réservations.