Voilà plus de quatre-vingt ans que des ados du coin ont découvert la « Chapelle Sixtine de la Préhistoire ». Aux portes de Montignac, les grottes de Lascaux ont fait du petit village un épicentre touristique. Il est vrai que le nombre de jolies tavernes et résidences hôtelières qui se concentrent dans les environs est impressionnant. L’une d’entres elles sort du lot. L’hôtel de Bouilhac, niché en marge des rues passantes, est perché au-dessus de la Vézère. Nous y avions séjourné quelques jours avant la date anniversaire de la découverte des grottes …
Un lieu chargé d’histoire
Christophe Maury raconte qu’on lui a présenté la bâtisse par hasard. Originaire de Dordogne, il rêve d’acquérir, avec son épouse, un bien dans lequel ils pourraient façonner leur hôtel. Ce jour-là, il avait rendez-vous à Montignac à une autre adresse « qui ne présentait pas grand intérêt ». L’employé de mairie lui pointe un autre édifice mal en point : le coup de foudre est absolu.
Cet hôtel particulier tient son nom de la famille qui l’a fait bâtir au XVIIe siècle : Jean-Baptiste Bouilhac était le médecin de Louis XV. Sept mois et demi auront été nécessaires à le remettre en forme, sa dernière fonction ayant été celle… d’un cabinet de dentiste. Laissé à l’abandon depuis les années 50, rafistolé ça-et-là par un béton malvenu, ce château retrouve ses lettres de noblesse après que Christophe et Karine ont entrepris des travaux pharaoniques, épaulés par la décoratrice Marie-Christine Mécoën.
De nombreux trésors découverts lors des travaux ont trouvé une place dans le décor final de l’hôtel de Bouilhac. Exit les instruments de torture du dentiste, des portes, cuivres, peintures, vaisseliers et même une tapisserie de la Manufacture Royale d’Aubusson ont été rafraîchis et font aujourd’hui perdurer l’héritage de ce lieu pluri-centenaire. Un sceau maçonnique sur l’une des façades de la terrasse et des « graffitis » datant de la Révolution — ils indiquaient « RF » en lettres rouges — ont été conservés pour témoigner de son histoire. De la même façon, la chambre « Souvenirs de famille » présente plusieurs styles de parquets, chacun répondant à une technique de pose emprunté à son époque.
Hôtel de Bouilhac : bien dans son ère
Marie-Christine Mécoën, décoratrice et brocanteuse, a su conjuguer les siècles qui ont marqué cet hôtel particulier. A califourchon entre passé et présent, elle a donc non seulement sublimé des vestiges d’époque mais aussi modernisé une bâtisse sans la priver de son patrimoine. Ainsi, l’intérieur est globalement nu. Les sublimes pierres et sols originels sont les gardiens de la légende de Bouilhac. Les efforts de décoration de la Bigourdane se sont concentrés sur le mobilier, les luminaires et l’accessoirisation, tentant au maximum d’inclure une touche locale à ses choix.
Lins, verres, bois et (fausses) fourrures composent en majorité le tableau actuel de l’hôtel de Bouilhac. Souvent dénichés chez Maison de Vacances ou Caravane, parfois commandés sur mesure en Egypte, les éléments de la mise en scène de l’adresse contrastent avec son caractère radicalement historique. Tout en le faisant entrer dans son temps, ils sont également des rappels de la nature exceptionnelle de Montignac, de ses grottes de Lascaux et de la Vézère. Luminaires en forme de stalagmite de cristal, couleurs inspirées de celles des peintures rupestres, omniprésence d’un fil d’Ariane sur les rideaux qui incarne le cours de l’eau… Rien n’a été laissé au hasard.
Côté cuisine, c’est le co-fondateur des lieux qui s’y colle. Riche d’un parcours pluriel — il a travaillé auprès des plus grands chefs dans une première vie avant de se tourner vers le commerce —, il a souhaité revenir à ses premières amours pour ce projet personnel. Christophe Maury assure donc chaque service en sublimant les trésors du terroir local de sa patte généreuse et artistique. Foie gras, canard et truffe se retrouvent naturellement dans l’assiette ainsi que du caviar de Neuvic, produit dans le Périgord.
2022, synonyme de renouveau
L’hôtel de Bouilhac a ouvert ses portes en 2015 doté de 10 chambres. Cette année, il en compte 17 et vient d’inaugurer un spa, une piscine et une salle de brunch grâce à une extension créée avec le hangar et les écuries voisines. Si ces deux structures n’ont pas la portée historique du bâtiment originel, elles ont reçu le même traitement que celui-ci afin d’assurer leur cohérence.
C’est à nouveau Marie-Christine Mécoën qui s’est chargée de l’agencement des sept nouvelles chambres — l’une d’elles est en réalité une suite de 200 m2 nichée au dernier étage du bâtiment du XVIIe siècle. A l’instar des dix précédentes, chacune est unique, portant un nom qui évoque l’idée derrière sa décoration. Ces cocons font eux aussi le lien permanent avec la nature environnante, que cela soit par une percée donnant vue sur la falaise sur laquelle est adossée la propriété ou une fenêtre vers Montignac.
Le spa, quant à lui, bouscule les codes de l’hôtellerie traditionnelle en ne proposant pas de massages mais une poignée de machines high-tech. « Nous souhaitions donner l’accès à ses machines comme on n’en trouve souvent qu’à Paris aux résidents du coin », explique Karine Maury. Quatre piliers ont dicté la raison d’être de ce nouveau spa : détox, remise en forme, anti-âge et détente. Ainsi, chacune des machines proposées répond à l’un de ces objectifs. Un bon vers le futur !
> Hôtel de Bouilhac. Rue du Docteur Mazel, 24290 Montignac.