Elle est férocement indépendante. Même l’un de ses plus beaux hôtels, le Kimpton Vividora le revendique, malgré son appartenance au groupe américain qui a introduit le concept de boutique-hôtel. Partant du plein cœur du Barrio Gótico, dont les frontières se dessinent par la Rambla, la Plaça de Catalunya, la via Laietana, fameuse pour ses bâtiments néoclassiques et le port de la Barceloneta, notre escapade de 24 heures à Barcelone dépasse quelque peu ces limites pour vous présenter le meilleur de la scène contemporaine et architecturale catalane.
Notre point de chute pour ces 24 heures à Barcelone
Les Parisiens ont récemment découvert la collection d’hôtels Kimpton. A Barcelone, le Vividora a ouvert ses portes seulement quelques mois avant l’apparition d’une certaine pandémie. Autant dire qu’il ne porte encore aucun stigmate du temps… A moins de dix minutes à pieds de la Plaça de Catalunya, centre névralgique de la ville et arrêt du bus en provenance de l’aéroport, cette adresse jouit d’une situation géographique idéale. Barcelone est grande, mais on s’y balade facilement, même sans l’usage des transports. Ainsi, depuis le seuil de l’hôtel, on rejoint le dynamique quartier de Gràcia en moins d’une heure — même le nez en l’air —, idem pour le parc de Montjuic.
De retour de balade, il est agréable de faire une halte à l’hôtel. Le Vividora cache quelques atouts dans sa manche qui précipitent sans effort une pause. En premier lieu, voilà enfin une adresse qui peut se vanter d’inviter ses guests à se croire chez eux. Dans la chambre, le nécessaire à la survie d’un touriste est là : batterie portable, câble de recharge, eaux/thés/cafés, meilleurs magazines indépendants et même un tapis de yoga.
Sobre mais pointue, la décoration s’efface à l’usage mais laisse une impression des plus faciles à vivre. Partout ailleurs dans l’hôtel, les couleurs franches et le mobilier signé rythment les intérieurs. Enfin, il serait dommage de ne pas faire un saut sur le toit-terrasse afin de déguster quelques tapas ou prendre un café solo autour de la piscine. Le restaurant, quant à lui, rouvrira bientôt ses portes mais accueille d’ores-et-déjà un petit déjeuner de compétition —attardez-vous sur la tortilla…
> Kimpton Vividora. Carrer del Duc, 15, 08002 Barcelone.
Pour un café ou un snack chez Espai Puntal
Dans le quartier touristique de La Ribera, les bars à tapas s’enchaînent… et se ressemblent. A l’exception d’Espai Puntal, cave à manger fraîchement ouverte qui renouvelle le genre en Catalogne. Sobrement décorée de structures en inox, de briquettes et de tables aux allures de sauterelles, elle s’établit sur la ravissante plaça Sant Cugat. Parce qu’elle est résolument engagée en faveur de la production en circuits courts et de saison – une tendance de plus en plus commune en France et qui se fraie (enfin) un chemin à Barcelone -, sa carte tient dans un mouchoir de poche, à l’image de ses cuisines. Et tant mieux : une proximité telle avec le client assure un service privilégié et des mets de qualité, dans une ville où l’on peine encore à trouver de jolies adresses inédites.
> Espai Puntal. Plaça Sant Cugat, 1, 08003 Barcelone.
S’en prendre plein les yeux au Moco Museum
Continuons nos 24 heures à Barcelone par un crochet à deux pas de Puntal, dans une rue où les musées semblent s’être donnés rendez-vous. Depuis son ouverture en 2016 à Amsterdam, le Moco expose des œuvres emblématiques d’artistes de renommée internationale ou émergents. Sa collection mêle les styles moderne et contemporain, dont des pièces uniques du street-artiste Banksy. Cette rentrée, le Moco se duplique donc dans la cité catalane, dans un palais datant du XVIème siècle remis en l’état pour l’occasion. Entre ses murs, se croisent des noms prestigieux tels que Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Salvador Dali, Damien Hirst, Keith Haring, ou encore Yayoi Kusama, David LaChapelle et Takashi Murakami. La visite actuelle se clôture sur une segment consacré à l’art digital et immersif, mis en scène par le collectif teamLab, déjà vu à Maison & Objet, Les Fantômes et Studio Irma.
> Moco Barcelona. Carrer de Montcada, 25, 08003 Barcelone.
Lever le nez et contempler l’architecture Gaudí-enne de la ville
Si se ruer au Parc Güell est un must pour sa première visite de la ville, il faut savoir que Gaudí a marqué Barcelone bien au-delà des limites de cette réalisation impressionnante. En remontant le Passeig de Gràcia en direction du parc, depuis l’hôtel Vividora, soyez attentif, l’architecte est partout. Dans toute son unicité, c’est la Casa Battló qui ponctuera en premier votre route. Edifiée en 1906 pour l’industriel textile Josep Batlló i Casanovas, sa façade est l’une des plus singulières jamais réalisées par Antoní Gaudi. A l’intérieur, l’architecte moderniste signe une succession de volumes spacieux aux contours presque fondus, rappelant les mirages de La Persistance de la mémoire de Dalí. Depuis 2002, l’édifice se visite.
Quelques foulées plus loin, au numéro 92 de l’avenue la plus luxueuse de Barcelone, la Casa Milà offre elle aussi un aperçu du génie de Gaudí. Achevé en 1910, ce fut l’avant-dernier projet conduit par l’architecte qui utilisa ici ses techniques clés : l’inspiration naturaliste et l’arc caténaire. Raillée pendant des années par les locaux à cause de son allure particulière — elle aussi surnommée « La Pedrera », soit « La Carrière » en raison de sa façade rocailleuse —, l’œuvre prend sa revanche en s’inscrivant, dès 1984, sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Tout cela, sans évidemment oublier l’illustre Sagrada Família qui n’en finit pas de se construire et a enfin rouvert ses portes au public. Avant la pandémie, les estimations annonçaient la fin des travaux pour 2026 …
Y’a pas que Gaudí dans la vie !
Ces 24 heures à Barcelone ne devraient pas tourner uniquement autour de l’œuvre de Gaudí. Originale par la forme ultra géométrique de ses artères, pour la plupart organisées en blocks, comme à New York, rythmée par des carrefours évasés en raison des angles chanfreinés des immeubles, la capitale catalane est également un spectacle architectural à ciel ouvert. En parallèle de ces sublimes façades alambiquées, originales et colorées, les édifices récents ponctuent eux aussi le paysage de la ville. Citons par exemple la Tour Agbar de Jean Nouvel, le Forum d’Herzog & de Meuron, la Flamme Olympique de Santiago Calatrava, le MACBA (Barcelona Contemporary Art Museum) de Richard Meier ou encore « Peix », le poisson signé Frank Gehry.
Tout au sud de la ville, à l’orée du Palau Nacional, construit à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1929 et qui abrite aujourd’hui le Musée National d’Art de la Catalogne, se tient l’un des premiers exemples d’architecture moderne. Révolutionnaire en son temps, le Pavillon de Barcelone, conçu par Mies Van der Rohe et Lilly Reich, n’en finit pas d’attirer les aficionados en pèlerinage. Il fut lui aussi construit pour l’Exposition Universelle afin d’accueillir la réception officielle du roi Alphonse XIII et des autorités allemandes. Démantelé à la suite de l’évènement, il fut reconstruit à l’identique en 1986. Mies Van der Rohe dessina sa fameuse Barcelona Chair pour le pavillon, qui devait servir de trône à la famille royale.
> Pavillon allemand de Barcelone. Av. Francesc Ferrer i Guàrdia, 7, 08038 Barcelone. Réserver.
Finir la journée en beauté
En bord de mer, au pied du fameux hôtel W, œuvre post-moderniste de Ricardo Bofill, le restaurant Julieta’s offre un cadre de rêve pour quelques tapas en fin de journée ou un diner bien mérité. Parce qu’une bonne paella n’est pas si aisée à dénicher, cette adresse se spécialise dans le riz et propose ainsi diverses recettes onctueuses et colorées. Le tout se déguste dans un espace semi-ouvert, décoré à la sauce bohème, coussins à pompons et lampions inclus. Des rondins de bois et une impressionnante collection de spiritueux habillent le bar, monumental, et les figures en macramé et filets de pêche donnent du relief au plafond. Autrement dit : on se croirait en vacances ! Bon profit.
> Julieta’s. Passeig del Mare Nostrum, 19, 08039 Barcelone.