La première édition du Athens Design Forum vient tout juste de s’achever. Pendant une semaine et sous l’impulsion de la curatrice Katerina Papanikolopoulous, plusieurs expositions et visites inspirantes se sont tenues à différents endroits de la capitale. Retour sur le nouveau rendez-vous du design grec.
Une réflexion sur l’origine du design grec
Il y a quelques mois, Katerina Papanikolopoulos – qui a grandi aux États-Unis et vivait à Los Angeles – a eu un déclic : « Juste avant la crise sanitaire, j’ai eu la chance de rencontrer des architectes venus du Liban, d’Allemagne et de France. Cela m’a incitée à entamer un nouveau chapitre en Europe, où mes parents sont nés. » Après avoir obtenu son diplôme d’histoire de l’art à l’université UCLA, la jeune femme a l’idée de créer une plateforme dédiée au domaine du design, à travers une approche pluridisciplinaire. Elle explique : « Il était important pour moi de dresser un état des lieux du design grec issu du patrimoine et de le lier ensuite aux réflexions contemporaines autour de la création. »
À la loupe donc, le design grec s’exposait pour la première fois au public. Mais qu’a-t-il de si singulier ? « D’un point de vue historique, il est fortement influencé par sa situation géographique entre l’Orient et l’Occident. Tout comme les gens voyagent, les motifs, les symboles et les techniques aussi afin de répondre aux besoins du quotidien.» répond la fondatrice du Athens Design Forum.
La jeune garde à l’honneur
Afin de mesurer l’influence du design contemporain et historique à Athènes, une myriade d’événements étaient organisés. L’architecte d’intérieur et designer d’objets Stamos Michael – à qui la capitale hellénique doit la maison d’hôtes Esperinos – y présentait une installation appelée « Part of Something ». En partenariat avec le studio KN Group, il a occupé un espace inattendu derrière le musée Vorres. Dans ce jardin ponctué de ruines antiques, Stamos a imaginé une structure qui interroge la façon dont l’architecture habite le paysage. Ses murs en forme de S ont été taillés dans la pierre volcanique de Santorin et se dressaient sur un sol en marbre. Un motif déjà présent dans les céramiques antiques et dans les tableaux du peintre moderniste Yiannis Moralis.
Une autre collaboration, cette fois avec la boutique du Musée Benaki, a marqué cette première édition. L’exposition mettait en lumière l’évolution de la céramique ainsi que l’effervescence de la scène locale. Dans un autre quartier de la ville, à Kypseli, l’architecte Dionisis Sotovikis ouvrait les portes de sa maison. Construite par Aristomenis Proveleggio, collaborateur de Le Corbusier, la demeure a accueilli de nombreux architectes à travers les âges. Dionisis Sotovikis l’a acquise en 2006 pour éviter sa destruction et y a aménagé son foyer et son studio. Pour le Athens Design Forum, il dévoilait ses propres sculptures utilitaires, qu’il n’avait jamais montrées auparavant.
Dans le port de Pirée, la jeune galerie Carwan – qui a quitté Beyrouth pour Athènes l’an dernier – présentait Volax. Cette exposition de sept sculptures utilitaires en bois du studio Objects of Common Interest était inspirée des fossiles que l’on peut trouver sur l’île accidentée de Tinos, dans les Cyclades.
Enfin, l’inauguration de la maison Papagos était très attendue. C’est là que vit le célèbre peintre Alekos Fassianos, connu pour ses peintures figuratives emblématiques de la société d’après-guerre. Fascinante, sa maison reflète l’intersection de ses différentes pratiques et l’on y découvre des lampes sculpturales en forme d’oiseaux, du mobilier, de la céramique mais aussi des textiles dont les motifs évoquent des figures antiques, toujours dans l’air du temps.
À l’issue de cette première semaine, Katherina Papanikolopoulos a déjà d’autres projets en tête pour le Athens Design Forum qui devrait compter de nouvelles éditions. La curatrice envisage même de créer des archives de l’artisanat traditionnel grec afin que le public prenne conscience de la richesse de cet héritage méconnu.