Depuis l’une des fenêtres, le dôme de l’église russe dédiée à saint Alexandre de la Néva se détache du ciel qui, très vite ici, vire de l’azur au brun tempête, selon les caprices du climat biarrot. Située dans le quartier Saint-Charles, la villa Isauria enferme l’histoire d’une figure de Biarritz, Paule-Françoise Willemetz, qui recevait chaque année pour faire admirer depuis chez elle le légendaire feu d’artifice du 15 août. Voilà le théâtre du nouveau projet de Claude Cartier : l’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu.
Acquise par son aïeul, l’industriel Louis Lacroix, mécène de l’Académie des Jeux floraux à Toulouse, la demeure fut baptisée du nom de celle qui fut l’égérie de cette institution au XVe siècle, Clémence Isaure. D’une surface de 170 m2, l’appartement possède une vue magique sur l’Océan ainsi qu’une terrasse baignée de soleil, protégée des vents.
Il bénéficie aussi d’une très belle lumière naturelle grâce à sa quadruple exposition ! « Nous avons toujours vécu dans des endroits associés à des lieux saints, explique Nicolas Imart, l’actuel propriétaire. Notre première maison fut un presbytère, la seconde un cloître des ursulines, à Albi. La villa Isauria se situe entre la synagogue et l’église russe de Biarritz. Ce que nous aimons dans ces bâtiments religieux, c’est évidemment leur architecture, leur vision de l’espace, ainsi que ce qui s’en dégage, une forme de sérénité, une connexion avec le spirituel, mais également avec la ville, avec ce qui nous relie au temporel. »
Un amour pour le design du XXe sublimé
Même si l’appartement était habitable lorsqu’il a été acheté, des cloisons ont été déplacées et des zones redistribuées. « C’est comme si nous étions partis de zéro, explique le maître des lieux, on a créé deux chambres, deux salles de bains, un bureau, un dressing… » Autre caractéristique, ce nouveau projet de Claude Cartier met en scène la passion du couple pour le design du XXe siècle, des pièces souvent uniques acquises depuis vingt ans, signées Ettore Sottsass, Alessandro Mendini, Michele De Lucchi…
« C’est Jean Galvani, un ami de l’antiquaire Yves Gastou, malheureusement aujourd’hui disparu, et qui avait également une maison incroyable à Biarritz, qui a formé mon œil au design, confie Nicolas Imart, agent exclusif pour plusieurs marques en la matière. Gérard Huet, qui réhabilita notre cloître d’Albi, a quant à lui fait ma culture en matière d’architecture, sa discipline. Enfin, Claude Cartier m’a sensibilisé à la décoration, à la magie des couleurs, aux histoires que chaque type d’atmosphère raconte. »
La poésie du nouveau projet de Claude Cartier
C’est avant tout le sens de l’atmosphère que Claude Cartier défend avec l’Inside Gallery, son showroom lyonnais, mais surtout au sein de son agence d’architecture intérieure, Claude Cartier Studio.
« J’ai toujours veillé à rester fidèle à ce que nous sommes depuis le début, explique-t-elle, un espace d’exposition de mobilier contemporain haut de gamme, un laboratoire, une vitrine et cela parallèlement à la mission du studio. Ici, on ne gère pas le suivi de chantier. On vient surtout nous voir pour créer un scénario décoratif, pour faire un choix de matières, de couleurs, de meubles… On n’accepte jamais de projet sans fournir le mobilier. C’est la raison pour laquelle on se positionne plutôt comme ensemblier décorateur. Pour cet appartement, que j’ai conçu avec l’architecte d’intérieur de l’agence, Fabien Louvier, nous nous sommes focalisés sur les détails architecturaux, les moulures encadrant les portes, les carrelages, les nuances… On y a mis beaucoup de vert, ma couleur favorite. »
L’architecte d’intérieur lyonnaise a rencontré Nathalie et Nicolas Imart dans le cadre professionnel, puisqu’elle utilise souvent dans ses réalisations et expose dans sa galerie les marques Porro, Nanimarquina et surtout Moroso, que le couple représente en France depuis vingt-deux ans, le marché français étant pour cette société italienne basée à Udine son débouché le plus important.
Tisser des relations de confiance
Cet amour des lignes pures et ce goût de l’authenticité, des tonalités fondues et du mobilier issu des plus beaux métiers d’art se retrouvent donc dans le choix des marques que Nathalie et Nicolas Imart promeuvent au sein de leurs bureaux situés à Biarritz et près d’Albi.
« Nous avons toujours préféré travailler avec des entreprises familiales, confirme celui-ci. Pour les liens personnalisés, quasi amicaux que cela engendre. Nous nous nourrissons ainsi de leur culture entrepreneuriale pour nouer des relations de confiance avec nos réseaux de distribution. Nous sommes fiers de collaborer avec des sociétés qui défendent non seulement une haute idée du design, mais sont également porteuses de toute une philosophie. »