Pour la vingtième édition de son pavillon d’été, la Serpentine de Londres a donné carte blanche au studio Counterspace, dirigé par l’architecte sud-africaine Sumayya Vally. Posée dans les très chics jardins du parc de Kensington, à quelques minutes du Palais, la structure s’organise autour d’un l’espace central circulaire entouré de blocs géométriques en acier, bois et liège recyclés, le tout recouvert de microciment marron et rosé. Élevé sous un plafond à plus de six mètres de hauteur, le chaos maîtrisé forme une myriade d’alcôves et de petits recoins, propices aux petits et grands débats d’idées.
Le Counterspace Studio aux commandes du pavillon éphémère
Projet engagé, le pavillon est inspiré par la vie des populations multiculturelles qui vivent en périphérie de la capitale. « Je suis fascinée par l’histoire des migrations, explique Sumayya. Le pavillon représente les différentes formes de rassemblement des populations de Londres, de la place publique au lieu de culte oublié ».
À la fois scène ouverte et théâtre d’événements organisés, l’agora post-apocalyptique de Counterspace propose un monde où tout serait à réinventer. « Sumayya a passé plusieurs mois à écouter la ville et ses habitants. Son architecture rend hommage à la diversité des traditions qui font la richesse de Londres. C’est un patchwork de la ville rarement visible du grand public. Notre rôle est de lui donner une voix plus forte », affirme Hans Ulrich Obrist, le directeur artistique de la Serpentine.
Des bourses de soutien aux artistes et un programme hors-les-murs complètent le projet. Counterspace s’inscrit dans une vision de l’art comme « imagination sociale » prônée par le musée, à l’image du pavillon d’été de Francis Kéré, ou encore de « Cambio », l’exposition de Formafantasma sur l’impact de la déforestation sur la planète. « Tout acte créateur est politique, confie Sumayya Vally. Les artistes, architectes et designers vivent dans le même monde mais ne se concertent pas forcément pour répondre aux attentes de la société. Les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui viennent de notre absence de communication. Le temps est venu d’apprendre à s’écouter. »
> Jusqu’au 17 octobre 2021. Accès gratuit. Informations.