Un vinyle qui craque, un lointain parfum de café, la lumière d’une ampoule jaunie… L’hôtel Sookie ravive la nostalgie de toute une époque. Sur les étagères, une nuée de babioles. Dans le salon, autant de livres que de disques prêts à l’usage. Ici, Dorothée Delaye estompe la rigidité du cérémonial hôtelier pour livrer sa définition de l’hospitalité.
Un boutique-hôtel dans le Marais
Parce que le Marais n’est pas une terre familière aux hôtels, celui-ci attire l’œil. Avec sa belle façade amande et ses lettres d’or en devanture, le ton est donné d’un lieu ancré dans sa propre temporalité. La magie opère dès le palier : le tumulte de Paris se fait oublier, c’est une maison de campagne qui nous accueille.
Sur les vestiges du couvent des Filles du Calvaire, l’hôtel Sookie réinvente une bâtisse qui doit son charme à ses volumes atypiques. Tantôt bas sous plafond, étroit ou entrecoupé de couloirs biscornus, le lieu originel n’a pas subi de remodelage important mais une fortification nécessaire pour remettre d’aplomb ses formes bicentenaires.
Une maison dédiée aux copains
Pour son premier hôtel en solo, Dorothée Delaye a choisi de travailler un thème qui lui est cher : celui de la convivialité. C’est ainsi que l’hôtel Sookie joue sur les codes de la maison de campagne, parsemées de souvenirs, chaleureuse et facile à vivre. Le colorama évoque l’organique (le minéral d’une pierre, le brun de la forêt, le terracotta…), réminiscence de la conception confinée de l’établissement. Les matières font elles aussi écho à la nature, et distillent par leur seule présence l’âme du vivant.
Chaque détail de cette pellicule fifties a été murement scénarisé. De la torsade de bois que l’on retrouve aussi bien sur les tables du coffee shop qu’en tête de lit aux tissus côtelés choisis pour leur aspérité, l’architecte d’intérieur a composé sa maison idéale, celle où elle rêverait de recevoir ses amis en continu. Les chambres se dotent de bureaux pour les plus studieuses, de canapés pour les plus spacieuses, et se nappent toutes de moquette pour accentuer le côté cocooning de chacune. Le mobilier a été en grande partie chiné avec le concours d’Emmeline Pics, et dessiné par Dorothée Delaye herself pour le reste, inspirée par la période fifties du design italien.
Se réveiller avec l’odeur du café
Pour un latte matinal ou un casse-croûte entre deux rendez-vous, l’espace restauration de l’hôtel Sookie accommode ses voyageurs autant que les gens du quartier. Imaginé pour fournir une alternative de choix aux cafés traditionnels, le coffee shop sert les grains fraîchement torréfiés de chez Lanni, équitables, bio et décarbonnés à 90 %. Un jus de grande qualité à déguster tout au long de la journée, jusqu’à opter, à l’heure de l’apéro, pour une quille de vin nature à accompagner de charcuterie fine ou de tapas maison.
Hôtel Sookie : la dernière réalisation du groupe Madeho
Les 31 clés de l’hôtel Sookie composent un ensemble quatre étoiles. Le groupe Madeho (Pley, Le Friedland) ambitionne en effet de se positionner sur un segment accessible mais pointu grâce aux adresses qu’il remet au goût du jour. Cette dernière ouverture ne fait pas exception : si elle n’offre pas de suite grandiloquente, le charme de ses cocons de poche projettera ses hôtes d’un soir dans un autre monde.
> Hôtel Sookie. 2bis Rue Commines, 75003 Paris. Réservations.