Ces dernières années, les espaces de coworking se sont multipliés dans toutes les métropoles, offrant aux actifs une solution de rechange qui les séduit de plus en plus. La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ce besoin de lieux tiers où il fait bon travailler et profiter d’un écosystème stimulant, tandis que certaines entreprises y trouvent l’occasion d’une plus grande souplesse et une source d’économies dans cette époque incertaine. Le monde du travail connaît ainsi des mutations sans précédent et voit émerger de nouvelles pratiques qui devraient changer durablement la donne.
Le coworking insolite
Si le marché du coworking est aujourd’hui dominé par les géants du secteur, qui dupliquent un même concept dans les capitales du monde entier, d’autres entités, plus modestes, tentent de se démarquer d’une offre qu’elles estiment trop standardisée. Elles font parfois le choix d’investir des lieux atypiques, dont les qualités architecturales suffisent à faire la différence. En effet, lorsqu’une entreprise décide de s’installer dans un espace de co-travail, elle cherche un environnement agréable pour ses collaborateurs, mais aussi une façon d’affirmer son image.
Or, le patrimoine bâti regorge d’édifices à l’abandon ou en attente d’une nouvelle requalification. Ainsi, certains projets ne manquent pas d’originalité, séduisant travailleurs free-lance, start-up et même quelques sociétés traditionnelles. Les architectes et les designers chargés de ces transformations s’attachent systématiquement à mettre en valeur l’âme de ces lieux tout en apportant le confort et les dernières technologies. L’atmosphère recherchée est souvent domestique, affirmant une franche rupture avec le monde très normé du travail.
NeueHouse Bradbury (Los Angeles)
Le studio canadien DesignAgency s’est vu confier la transformation d’un étage complet du Bradbury Building, situé à Downtown Los Angeles. Dans ce bâtiment édifié en 1893 et classé monument historique national depuis 1977, le deuxième niveau accueille désormais la troisième adresse de NeueHouse. Conçu en 2011, ce concept de coworking est pensé comme « un accélérateur pour le potentiel créatif, le progrès culturel et les nouvelles idées ». Sur plus de 2 300 m2, les espaces de travail, partagés ou plus intimes, s’organisent autour de la pièce maîtresse de l’édifice existant : un atrium à ciel ouvert donnant à voir un entrelacs d’escaliers, de passerelles, de balcons et de ferronneries. Sans ostentation, l’aménagement ne cherche jamais à entrer en concurrence avec les qualités architecturales du lieu, qui saisit tout visiteur qui le découvre.
> NeueHouse Bradbury. 304 S Broadway, Los Angeles, 90042 Californie, États-Unis. Neuehouse.com
W’iN (Nantes)
Dans le centre-ville de Nantes, une chapelle désacralisée a fait l’objet d’une transformation pour que W’iN y installe une nouvelle adresse. Ce concept de coworking s’est distingué en investissant des édifices historiques, à Bordeaux, Libourne et Angoulême, afin que chaque lieu ne ressemble à aucun autre. Bâtie en 1860 dans un style néo-roman, la chapelle de Marie-Réparatrice n’échappe pas à la règle. Le caractère patrimonial du monument a été préservé, mais des niveaux et des mezzanines ont été ajoutés pour en augmenter les surfaces exploitables. L’agence nantaise AURA s’est chargée de réhabiliter les quelque 650 m2 qui accueillent désormais une soixantaine de postes de travail, ainsi que des bureaux à partager, proposés pour quelques jours ou quelques mois. Par son architecture religieuse, l’ambiance y est solennelle, mais néanmoins chaleureuse grâce à l’aménagement intérieur signé Studio Hekla.
> W’iN. 1, rue Mondésir, 44000 Nantes. Nantes.w-in.fr
The Ruby Street (Los Angeles)
Fondée en 1905 par une femme pasteur, cette église est restée en fonctionne- ment jusqu’en 2015. Son esprit progressiste est désormais perpétué par les professionnels et les créatifs qui composent la communauté de The Ruby Street, dans le nord de Los Angeles. Imaginé par les musiciens Lourdes Hernandez et Zach Leigh, qui s’étaient mariés dans ses murs, ce lieu du quartier Highland Park n’est pas seulement conçu pour travailler; l’organisation d’événements occupe désormais une place de premier plan dans sa programmation. L’architecte d’intérieur Francesca de la Fuente et Working Holiday Studio ont métamorphosé l’édifice religieux. Sur 372 m2, l’espace concilie mobilier contemporain et vitraux d’origine. Si de nouveaux planchers en chêne et des puits de lumière ont été installés, aucun cloisonnement n’a été ajouté au plan ouvert existant.
> The Ruby Street. Highland Park, 6408 Ruby Street, Los Angeles, 90042 Californie, États-Unis. Therubystreet.com
Fosbury & Sons (Bruxelles)
Figure de l’architecture moderniste belge, Constantin Brodzki est mort le 27 mars dernier, laissant derrière lui plusieurs bâtiments importants parmi lesquels le siège social des cimenteries CBR, construit en 1970. À Bruxelles, à deux pas de la forêt de Soignes et à dix minutes de l’avenue Louise, l’édifice se distingue par son enveloppe constituée de 756 modules préfabriqués en béton, dotés de fenêtres ovales. Sur neuf niveaux, l’ensemble abrite aujourd’hui des espaces de coworking gérés par Fosbury&Sons. La transformation intérieure a été confiée au studio belge Going East. Les couloirs ont été supprimés pour gagner de la surface et pour que s’estompe l’image traditionnelle du bâtiment de bureaux. Afin de mettre en valeur l’architecture de Constantin Brodzki, une atmosphère sobre d’inspiration japonaise a été privilégiée, qui compose néanmoins au plus près avec l’existant grâce au mobilier en grande partie réalisé sur mesure.
> Fosbury & Sons Boitsfort. Chaussée de la Hulpe 185, 1170 Watermael-Boitsfort, Belgique. Fosburyandsons.com
Spacial (Montréal)
Ivy Studio vient d’achever la transformation d’une ancienne salle de sport et d’un salon de beauté pour y installer des espaces de coworking dans le quartier Verdun, à Montréal. Parce que le lieu était la première adresse de Spacial, les architectes ont dû faire preuve d’imagination pour se démarquer de l’offre concurrentielle. Pour pallier le manque de lumière naturelle, contrainte principale de ces 745 m2, de nouvelles ouvertures en pavés de verre ont été créées. L’espace à géométrie variable est structuré de manière à proposer de nombreuses options pour faciliter le travail informel. Des surfaces zinguées aux reflets psychédéliques, une cuisine vert menthe et des canapés en velours épais façonnent l’identité de Spacial, qui ne rappelle en rien l’univers austère du bureau.
> Spacial. 4012 avenue Wellington, Verdun, QC H4G 1V3, Montréal, Canada. Spacialoffices.com
