Entre la Samaritaine, la Bourse de Commerce-Pinault Collection et la Poste du Louvre, c’est l’effervescence constructive au cœur de Paris. Séparés de quelques centaines de mètres les uns des autres, ces édifices patrimoniaux renaissent après des années de fermeture, misant sur de grandes signatures de l’architecture et des inaugurations très médiatisées.
À la Poste du Louvre, Dominique Perrault s’est attelé à la métamorphose de ce lieu emblématique qui, autrefois ouvert toute la nuit, permettait d’obtenir le fameux « cachet de la poste faisant foi » avant minuit. À l’origine, le bâtiment, achevé par Jules Guadet en 1888, était à vocation purement industrielle, prenant la forme d’un îlot fermé sur trois de ses côtés.
La Poste du Louvre, un lieu multimodal
Cette forteresse est désormais poreuse et accessible à tous grâce à cinq passages réservés depuis la rue du Louvre, à l’ouest, la rue Étienne-Marcel, au nord, la rue Jean-Jacques-Rousseau, à l’est, et l’ancien passage Gutenberg, au sud. Toutes ces percées convergent vers une spectaculaire cour intérieure à ciel ouvert et insufflent la perméabilité qui faisait défaut à ce bloc industriel infranchissable du centre de la capitale.
Si la transformation menée par l’architecte français maintient le bureau de poste rue du Louvre, elle repose avant tout sur une grande mixité de fonctions. Bureaux, commerces, logements sociaux, commissariat, halte-garderie et hôtel 5 étoiles sont empilés étage par étage, depuis le rez-de-chaussée jusqu’au toit.
Une relecture contemporaine
En prise avec la ville, le rez-de-chaussée largement vitré abrite treize commerces principalement domiciliés rue Étienne-Marcel. Par sa flexibilité, l’architecture de Jules Guadet était visionnaire. Dominique Perrault a ainsi réinterprété la proposition de son prédécesseur, qui portait en elle les conditions d’une transformation possible.
Le concepteur de la Bibliothèque nationale de France a cependant apposé sa patte sur cet édifice qui se caractérise par son enveloppe en pierre massive et son péristyle. L’intérieur recèle son lot de surprises à travers une très belle charpente métallique de type Eiffel. Emblématique de cette relecture contemporaine du patrimoine opérée par Dominique Perrault, la couleur noire joue un rôle de premier plan.
Le noir comme fil conducteur architectural
Présente à chaque instant, cette couleur révèle et met en valeur les structures métalliques historiques. Tantôt mat ou brillant, tantôt lisse ou texturé, le noir s’impose comme le fil conducteur du projet architectural. En collaboration avec Dominique Perrault, Gaëlle Lauriot-Prévost a quant à elle développé un travail spécifique pour l’éclairage de la Poste du Louvre.
Pensés en amont, mâts intérieurs et extérieurs, lustres, luminaires industriels tubulaires et appliques font partie intégrante du programme. Au dernier étage, l’hôtel 5 étoiles est géré par le groupe de Laurent Taïeb – qui s’apprête à ouvrir un établissement niché dans les hauteurs des tours Duo, bâties par Jean Nouvel au pied du périphérique, dans le XIIIe arrondissement.
Hôtel en devenir
Depuis le sommet, les vues sur Paris sont imprenables. Directement accessible depuis la rue Étienne-Marcel, cet hôtel de 82 chambres sera inauguré en 2022, ainsi que son restaurant et son bar ouverts au public. La Poste du Louvre version 2021 se veut également exemplaire d’un point de vue environnemental.
Des panneaux photovoltaïques sont installés en terrasse, assurant une partie des besoins en énergie et eau chaude sanitaire du bâtiment. Récupérées, les eaux de pluie permettent de nettoyer et d’arroser les espèces végétales exotiques disposées en toiture où les visiteurs profiteront d’un lieu hors du temps, grâce au panorama, et d’une terrasse de 500 m².