Organisée de manière thématique, l’exposition « Le Bureau » raconte l’évolution de nos tables de travail en piochant dans les collections de l’institution belge. On y découvre que, jusqu’au XVII siècle, l’écritoire est principalement un objet mobile qui suit la noblesse au quotidien, des lieux de villégiature aux champs de bataille. Sa forme se modifie avec les modes, à l’image de ces vargueños espagnols (petits coffres rectangulaires sur pied), de style mudéjar, datés de la Renaissance.
Dans les années 1870, le cabinet de James S. Wooton regroupe en un seul endroit les lettres, les archives et les livres de référence. Le secrétaire devient alors un espace d’écriture personnel, où l’auteur du message rédige lui-même ses missives. Ingénieusement disposés, les nombreux rangements abritent bientôt les échanges épistolaires des femmes de bonne famille, qui s’attablent sur un mobilier de style Empire.
Musée du design de Gand et l’écritoire
« S’il est pensé comme un objet utile, le bureau s’appréhende notamment comme un symbole de pouvoir… Sous Louis XV, les artisans multiplient les détails rococo en marqueterie pour impressionner la cour et les dignitaires de passage », explique Ernst Van der Hoeven, le rédacteur en chef du magazine MacGuffin et commissaire de l’exposition. Un soft power royal qui s’immisce jusque dans les palais présidentiels. Cadeau de la reine Victoria au 19e président américain, Rutherford B. Hayes, en 1880, le fameux bureau de la Maison-Blanche est sculpté dans le bois du navire britannique HMS Resolute.
Le bureau reflet de nos désirs
En France, la version PDG du bureau Boomerang, de Maurice Calka, en plastique et fibre de verre – matériaux révolutionnaires à l’époque – entre à l’Élysée en 1969. La légende raconte que Claude Pompidou aurait sollicité le designer Pierre Paulin pour propulser son mari fraîchement élu dans la modernité. « Le bureau reflète aussi les désirs de nos sociétés », souligne Ernst Van der Hoeven. Dans les années 90, le Netsurfer futuriste, du collectif suédois Snowcrash, imagine une échappée ergonomique sous forme de télétravail décomplexé, un brin contestataire… Un appel à prendre le large qui fait toujours autant rêver.
> Au Musée du Design de Gand, Jan Breydelstraat 9000 Gent en Belgique, jusqu’au 22 août. Designmuseumgent.be