C’est au pied de la cathédrale de Beauvais, au Quadrilatère, symbole de l’architecture brutaliste du XXe siècle conçu par André Hermant sur l’emplacement du forum romain, que se déroule cette première rétrospective consacrée à Santiago Borja. L’architecte et plasticien, né en 1970 au Mexique, est connu pour ses interventions in situ – et donc éphémères – de Poissy (à la Villa Savoye de Le Corbusier) à Barcelone (pavillon de Mies van der Rohe) en passant par l’atelier d’Alexander Calder, à Saché, en Indre- et-Loire.
Le vernaculaire rencontre la modernité
Différents lieux, de multiples installations et une seule intention : superposer à la pensée occidentale des savoir-faire ancestraux et ainsi proposer une nouvelle lecture du monde moins cartésienne, plus empreinte de magie et de spiritualité. Dans cette exposition, où le vernaculaire rencontre la modernité, se croisent des eurythmistes, ces adeptes de l’art du mouvement, qui déploient leurs gestes codifiés dans des bâtiments emblématiques, ou des tisserandes mexicaines dont les tapis aux dessins géométriques sont inspirés du peyotl, cactus aux vertus psychédéliques utilisé à des fins rituelles par les Amérindiens.
Le dessin abstrait de Santiago Borja
Qu’ils rendent visible le langage de l’invisible ou utilisent un motif évoquant une expérience sensorielle, tous tentent d’entrer en connexion avec l’au-delà. Et le dessin abstrait de Santiago Borja reproduisant les pas des eurythmistes lors d’une performance à la chapelle de Ronchamp fait admirablement écho au tapis traditionnel des artisans wixáricas, « les fils des dieux », destiné au bureau de Sigmund Freud.
Quelques œuvres choisies par l’artiste dans le fonds du FRAC Hauts-de-France (partenaire de cet événement) concluent le parcours, notamment La Cabane éclatée de Daniel Buren, dont l’éparpillement des damiers vert et blanc génère un renouvellement des points de vue ; elle témoigne – comme les créations de Santiago Borja – de la complexité de notre rapport au temps et à l’espace.
> « Santiago Borja. Premier Contact ». Au Quadrilatère, à Beauvais (60), jusqu’au 19 septembre. Page Facebook du Quadrilatère