La légende du Bauhaus débute à Weimar, lorsque l’architecte Walter Gropius reçoit, dans l’Allemagne défaite de 1919, ses premiers élèves, qui rêvent d’un monde nouveau. La modernité de son bureau scotche d’emblée les visiteurs. Des luminaires au mobilier, tout a été pensé par des créateurs d’exception. Weimar, berceau de cette modernité, est pourtant la cité classique qui accueillit Bach, Schiller et Goethe !
Entre la Thuringe et la Saxe-Anhalt, il faut aussi voir 39 bâtiments qui doivent au Bauhaus leur caractère. L’école migre en 1925 à Dessau, fuyant l’ire des milieux conservateurs de Weimar. Gropius en érige la principale construction. En 1932, son escalier graphique inspirera au peintre Oskar Schlemmer l’une de ses plus belles toiles, qui représente des étudiants en train de gravir les marches.
Une cité-jardin restée dans son jus
Les différentes ailes de ce complexe abritent des ateliers, un auditorium, un café et des chambres. Autre émotion : celle qui étreint le visiteur dans les maisons des maîtres, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Bienvenue chez Josef et Anni Albers, Oskar Schlemmer, László Moholy-Nagy et Vassily Kandinsky !
Le directeur Hannes Meyer, successeur de Gropius entre 1928 et 1930, trouvait un peu systématique cette symphonie de murs blancs et vivait dans la couleur… On ne repart pas sans une visite du côté de Törten, où toute une cité-jardin de 314 habitations, construites de 1926 à 1928, est restée dans son jus.
Le Bauhaus rayonne au-delà de ses frontières
Suivre un itinéraire Bauhaus immerge le pèlerin dans du design, mais aussi dans l’histoire même de l’Allemagne. Quand Mies van der Rohe, son directeur à partir de 1930, déménage l’école à Berlin, les crédits lui seront coupés malgré ses efforts pour faire passer l’institution comme apolitique. Il n’y a donc pas de bâtiment emblématique à Berlin, en 1933.
Mais, grâce à une kyrielle de designers et d’architectes qui vont s’expatrier, le Bauhaus rayonnera au-delà de ses frontières…