Le Vitra Design Museum expose les chefs d’œuvre des design allemands

Trente-deux ans après la chute du mur de Berlin, l’exposition « Design allemand 1949-1989, deux pays, une histoire », au Vitra Design Museum, resitue création et production industrielle dans le contexte d’une nation divisée en deux. Un défilé aussi créatif que politique.

Toute pièce de design possède une histoire. Dans l’exposition que le Vitra Design Museum consacre au design allemand d’avant la réunification, chacune est contextualisée suivant son origine. En général, les curateurs de design parlent d’esthétique ou de processus industriels. Ici, impossible d’éviter l’aspect idéologique auquel ces objets renvoient, selon qu’ils viennent de l’une ou l’autre des deux Allemagnes. Les visiteurs se voient proposer des comparaisons pertinentes et même des parallèles entre les deux types de production. Il n’y a pas d’un côté le tout gris et de l’autre le tutti frutti.

L’Allemagne de l’est étonnamment créative

En ce sens, l’exposition ne manque pas de surprises. On imagine souvent l’est de l’Europe de cette période tendu de noir et blanc. Ce serait méconnaître la créativité de ses productions textiles. De fait, à l’époque, personne n’a médiatisé, dans ce que l’on appelait alors « le monde libre », le côté post-psychédélique des imprimés fleuris proposés dans les années 70 par le Combinat textile de Cottbus. Il est cependant amusant de voir – éternel retour des styles oblige… – que ces tissus feraient de très crédibles vêtements Prada en 2021 !

Le Vitra Design Museum expose les icônes de l’Allemagne de l’ouest

Bien sûr, les icônes du design de la RFA sont aussi au rendez-vous : des calculatrices aux platines de Dieter Rams pour Braun (ces dernières cosignées avec Hans Gugelot), jusqu’au graphisme des publicités rutilantes pour les bolides de Porsche. L’histoire en objets de cette double Allemagne s’égrène sans que la curatrice Erika Pinner prétende tout expliquer. Son exposition est d’abord un moyen de rappeler que l’histoire du design allemand ne s’est pas faite qu’à l’Ouest. Mais aussi qu’il ne faut pas réduire celui de l’Est à la Trabant 601, voiture populaire longtemps considérée avec condescendance… avant d’être collectionnée ! Un autre regard, plus empathique, permet de réaliser que si ce n’est pas le design qui a réuni les deux Allemagnes, tout est projet, les objets du quotidien comme l’unité d’un pays.

> Exposition « Design allemand 1949-1989, deux pays, une histoire » au Vitra Design Museum jusqu’au 5 septembre 2021. design-museum.fr

La chaîne hi-fi SK55 dite « Snowwhite’s coffin », le cercueil de Blanche-Neige signé Dieter Rahms (Braun, 1965).
La chaîne hi-fi SK55 dite « Snowwhite’s coffin », le cercueil de Blanche-Neige signé Dieter Rahms (Braun, 1965). Andreas Satterlin
Harf Zimmermann, photo de la série « Hufelandstrasse Berlin 1055 ».
Harf Zimmermann, photo de la série « Hufelandstrasse Berlin 1055 ». Harf Zimmermann
Publicité pour la Porsche 911 Targa, icône de l’Allemagne de l’Ouest (1967).
Publicité pour la Porsche 911 Targa, icône de l’Allemagne de l’Ouest (1967). compagnie archives-porshe
Le chariot balançoire Schaukelwagen, de Hans Brockhage et Erwin Andrä, en 1950.
Le chariot balançoire Schaukelwagen, de Hans Brockhage et Erwin Andrä, en 1950. ANDREAS SÜTTERLIN