Vous avez été retenu pour concevoir les bancs des salles du musée de l’Élysée et du Mudac. Quelle a été la genèse du projet de ce mobilier ?
Pierre Charpin : L’équipe de Tectona m’a offert de participer à un concours pour meubler les salles d’exposition des deux musées imaginés par les architectes de l’agence Aires Mateus. Ces deux établissements vont s’installer dans un lieu assez fort : le site des anciennes halles aux locomotives de la gare de Lausanne, à proximité des voies ferrées. J’ai donc proposé au jury un banc qui dialogue avec cette histoire.
Les bancs s’inséreront dans un lieu culturel. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
La démarche de l’artiste Carl Andre, qui travaille avec des matériaux standard qu’il trouve sur place et agence pour en faire des œuvres d’art, a été une source d’inspiration pour moi… J’ai aussi réalisé après coup que, comme le bâtiment, mes bancs sont traversés d’une fente.
« Des bancs imaginés pour un musée, pas pour un catalogue »
Pouvez-vous décrire votre projet ?
Pour concrétiser cette démarche d’insertion dans une histoire, je suis parti d’un seul matériau et de grosses sections. Je souhaitais un rendu massif, porté par un système constructif très simple. J’ai travaillé avec des madriers, qui évoquent les traverses des voies de chemin de fer (contiguës au musée, NDLR). J’ai agencé deux madriers, qui font la longueur du banc, entre lesquels j’ai laissé un peu de vide. Ils sont reliés aux extrémités par deux autres pièces de bois.
Envisagez-vous de faire entrer ces bancs dans le catalogue de Tectona ?
Ces bancs sont très bruts dans leur tracé et dans leurs finitions, quasiment sans détails… Lorsque je les ai dessinés, je les ai vraiment imaginés pour ce lieu et pas pour un catalogue, mais cette question se posera peut-être quand même à l’avenir…
« Des bancs pour dessiner des directions, structurer l’espace et guider les visiteurs »
Au-delà du point de vue esthétique, en quoi ces bancs sont-ils adaptés au musée de l’Élysée ?
Il fallait un mobilier qui se tienne, qui n’ait pas besoin d’être fixé afin de pouvoir être bougé en fonction des expositions, mais qui soit en même temps assez lourd pour s’adapter aux différents usages. Et puis, surtout, mes bancs seront aussi là pour dessiner des directions, pour structurer l’espace et guider les visiteurs.