Interview : Comment Balzac Paris rend la mode plus éco-responsable

En 2014, Chrysoline de Gastines crée la griffe Balzac Paris, qui devient très vite une référence sur le marché de la mode éco-responsable. Lilloise de naissance, mais parisienne d’adoption, elle se livre pour IDEAT.

Votre quartier préféré à Lille ?
Chrysoline de Gastines (Balzac Paris) :
Le Vieux-Lille. J’aime l’architecture flamande traditionnelle. Certes, il faut apprécier la vieille brique et les rues pavées, mais c’est ce qui donne son charme à la ville.

Une boutique favorite ?
Little & Tall, justement dans le Vieux-Lille. C’est une boutique de mode pour enfants, avec des marques de niche, dont Apaches Collections, créée par ma grande soeur. On y trouve aussi de la mode pour femmes et des objets de décoration.

Vos habitudes lilloises ?
Faire de grandes balades avec mes enfants et mes parents. Là-bas, j’ai mes repères. Je vais acheter mes livres au Furet du Nord, déjeuner ou dîner chez Morel & Fils, près de l’opéra, manger une gaufre de Méert…

« J’ai toujours été sensible à la mode »

La meilleure période de l’année pour découvrir la ville ?
Le printemps, quand la météo devient plus clémente. Mais il y a bien sûr la braderie, le premier week-end de septembre. Je l’ai beaucoup pratiquée petite, en m’improvisant vendeuse. C’est un moment très festif, avec ces grandes tablées autour desquelles on vient manger des moules frites, et puis les gens dansent dans la rue !

Qu’est-ce qui y a le plus changé ?
Lille s’est beaucoup émancipée lorsqu’elle est devenue Capitale européenne de la culture, en 2004. Cela a été un moment magique, agrémenté de nombreux nouveaux lieux culturels, d’expositions, dans un esprit de fête revendiqué.

Balzac Paris bouscule la mode

Comment vous êtes-vous engagée dans une mode éco-responsable ?
J’ai toujours été sensible à la mode. Après une première aventure dans la création de noeuds papillons sur mesure, Balzac Paris s’est très vite orientée vers une mode féminine distribuée uniquement en ligne. Cependant, avec mes deux associés, nous avions cette envie de nous démarquer en bousculant l’image de la mode, qui est la deuxième industrie la plus polluante. Nous voulions tout réinventer. En 2014, la dynamique éco-responsable était encore balbutiante ; il est évident que ce message a permis de nous différencier dans un univers très concurrentiel.

Combinaison Floralie en coton biologique (Collection « Les Essentiels », Balzac Paris).
Combinaison Floralie en coton biologique (Collection « Les Essentiels », Balzac Paris). DR

Le principe d’éco-responsabilité

Quelles sont les règles de base pour limiter l’impact de la mode sur l’environnement ?
Chez Balzac, nous nous sommes déjà fixé la règle d’organiser tout le fonctionnement de la société sur ce principe d’éco-responsabilité, avec la charte TPR (Toujours plus responsable). Puisque nous vendons des produits finis, le choix des matières et des lieux de fabrication est très important. Nous sensibilisons notre clientèle au fait que 30 % de la durée de vie du produit dépend de son usage : le lavage, l’entretien… Et si elle décide de s’en séparer, elle peut revendre son vêtement grâce au cycle « Seconde main », que nous avons mis en place sur notre site. Nous vendons aussi notre propre lessive, sans odeur, avec des composants naturels qui permettent de lutter contre la pollution des eaux. Et qui, contrairement à de nombreuses lessives composées de perturbateurs endocriniens, oeuvrent aussi à un vrai bien-être corporel.

« Réhabituer les clientes à acheter des habits qui durent et perdurent »

Quel geste quotidien, humble et personnel, participerait à la transition écologique ?
Justement, le lavage en est un. Nous avons aussi créé le sac Guppyfriend dans lequel on glisse les vêtements qui contiennent du polyester afin que les micro-fibres de plastique ne s’écoulent pas dans les eaux grises, et donc dans les rivières et les océans. C’est un geste très facile qui permet aussi de prendre conscience de la part que représentent les matières synthétiques dans votre vestiaire.

Une mode durable passe-t-elle forcément par le fait de créer des classiques intemporels ?
On a été habitué à des concepts de fast fashion, qui poussent à la surconsommation de vêtements. Notre idée est de réhabituer les clientes à acheter des habits qui durent et perdurent. Ainsi, nous avons créé la collection « Les Éternelles », autour de best-sellers de la marque, ceux-ci étant donc définis par les clientes elles-mêmes : le nombre de pièces vendues, la reconduction de la production, les demandes d’achat… Ces références sortent des collections saisonnières et sont mises en ligne tout au long de l’année.

Grand sac César (Balzac Paris).
Grand sac César (Balzac Paris). DR

Pour certaines pièces, vous affichez une production fabriquée à partir du recyclage de tissus neufs…
Nous avons découvert, en visitant les usines où sont fabriqués nos vêtements, des stocks importants de tissus qui sont mis au rebut, notamment parce que les collections s’arrêtent. On s’est alors promis d’éviter ce gâchis en assurant une meilleure continuité. Lorsque nous n’allons pas au bout de nos rouleaux de tissus, nous utilisons le reste pour produire, deux fois par an, une collection spécifique uniquement à partir de ces textiles et que nous appelons « Les Chutes TPR ». Et d’ailleurs, parfois, nous appliquons ce principe à des stocks d’étoffes utilisées par d’autres marques avant nous.

Balzac-paris.fr