En ce début d’années 2021, le studio Nichetto travaille à la sortie d’une collection de mode pour La Manufacture Paris. Prochain lancement en design : une collection de sièges d’extérieur pour GandiaBlasco et une extension de sa ligne pour la marque chinoise ZaoZuo à l’été 2021. En outre, on verra bientôt une collection d’objets pour une marque de luxe italienne (sous embargo à l’heure où nous bouclons), un modèle pour Rakumba, une marque de luminaires australienne, et une série d’accessoires pour les marques Stellar Works et &Tradition. Luca Nichetto vient également de sortir une collection de sièges, canapés et poufs avec Wittmann, baptisée « Andes » et « Paradise Bird ».
Quelles sont les grandes tendances qui se dessinent pour les années à venir ?
Je n’aime pas le terme de « tendance », qui va de pair selon moi avec cette manie de vous ranger sous une étiquette. Je ne suis pas fan non plus des « moodboards ». Je déteste Pinterest ! Pour moi, c’est de la cosmétique. Je ne veux pas être un follower, je veux être un visionnaire ! Je préfère de loin la notion d’« intemporalité », parce que la notion d’héritage m’intéresse. Des marques comme Richard Ginori ou Hermès ont non seulement une histoire géniale, mais elles savent regarder loin vers l’avenir en conservant leurs valeurs.
« Avoir plus de temps pour produire chaque projet, c’est positif »
Qu’est-ce que, selon vous, la pandémie a changé dans le monde du design ?
Le confinement n’a pas vraiment changé ma façon de travailler, car vu que j’ai deux studios, un à Stockholm et l’autre à Venise, j’utilisais déjà beaucoup Skype, Zoom, etc. En revanche, je sais que je ne voyagerai plus comme je le faisais avant. C’était trop, c’était même n’importe quoi ! La pandémie a simplement souligné ce qu’on savait déjà : l’industrie du meuble est obsolète et les grands salons doivent trouver une alternative.
Concernant les éditeurs, je pense que cette catastrophe a changé le regard de certains, qui se montrent plus ouverts, prêts à écouter les designers et peut-être à prendre des risques. On doit s’adapter, inventer de nouveaux scénarios. Selon moi, moins de projets et donc plus de temps pour les produire, c’est positif. Le fait que la vie sociale change, c’est également intéressant. Ça me pousse à m’intéresser à d’autres champs du design. Je vais d’ailleurs travailler pour des marques de montres, d’instruments de musique, de mode, de maroquinerie, de parfums d’intérieur… Mais je sais que j’ai cette chance de pouvoir choisir la transversalité.
Si j’étais un jeune designer aujourd’hui, je serais plus inquiet, car je doute que les éditeurs prennent le risque de travailler avec des inconnus. Il est salvateur de tenter de multiplier et de varier les opportunités. Ces jeunes designers vont peut- être devenir des makers, comme aux États- Unis, faire de l’édition limitée… J’espère en tout cas que nous n’allons pas assister au sacrifice de toute une génération…