Jusqu’au 2 mai 2021 se déroule l’exposition « Luxes » au MAD. Olivier Gabet, quel est votre luxe ?
Olivier Gabet : Avoir le temps, un temps à soi.
Votre lecture du moment ?
La correspondance de l’historien de l’art Bernard Berenson avec la collectionneuse Isabella Stewart Gardner. Au tournant du XXe siècle, ils échangent sur l’art, le marché, les autres collectionneurs, la vie littéraire, l’Europe et les États-Unis… Malgré leur différence sociale et de genre, c’est une amitié égale.
À quoi êtes-vous accro ?
À mon métier, à l’homme que j’aime, à mes amis, aux voyages, aux bons vins, à mon teckel à poil dur, Philo.
Votre designer préféré ?
Le choix est cruel. Je dirais les designers italiens, des inventeurs au sens de la Renaissance comme Ettore Sottsass, immense – sa vie, son œuvre, ses écrits, tout. Je retiens sa série de pièces en verre « Kachinas », conçue au Cirva, à Marseille.
Quels sont les nouveaux acteurs des arts décoratifs ?
Je constate en effet un retour des arts décoratifs avec Pierre Marie, qui se qualifie du si beau nom d’ornemaniste, ou avec Jeremy Maxwell Wintrebert, dont l’art du verre pulvérise les catégories.
Vos créateurs de mode favoris ?
Madeleine Vionnet, comme un absolu de la mode, Azzedine Alaïa parce que la mode n’est jamais aussi intéressante que lorsqu’elle ne s’intéresse pas qu’à elle-même. Enfin, John Galliano durant ses années Dior (dont il y eut une exposition en 2017, au MAD, NDLR).
Quelle exposition rêveriez-vous de monter au MAD ?
Celle sur le rôle des femmes dans l’histoire des arts décoratifs, notamment dans les utopies décoratives, vers 1900, leurs ramifications avec la littérature : d’Emilie Louise Flöge à Margaret MacDonald Mackintosh, de Jane Morris à Vanessa Bell, et Natalie Barney.
Votre dernier frisson dans une exposition ?
C’était au Louvre : « Le Corps et l’Ame. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance. » Une brassée de chefs-d’œuvre réunis pour le plaisir et pour la connaissance.
Des architectes préférés ?
Claudio Palladio, sans conteste ! Plus proche de nous, Edwin Lutyens et Mies van der Rohe. Encore plus proche, John Pawson et son esthétique minimaliste.
Vos détestations en architecture ?
La banalité, la platitude, les zones pavillonnaires et industrielles ; les premières insultes à l’environnement commencent avec elles.
La ville où vous adorez jouer les touristes ?
Rome ! Alors qu’elle était vidée de ses visiteurs, en juillet dernier, j’ai pu me retrouver presque seul au Vatican et à la galerie Borghèse.
Olivier Gabet, quel est votre hôtel fétiche ?
Ceux du groupe Belmond, conçus comme des maisons : le Cipriani, à Venise, ou la Villa San Michele, à Florence.
Quel musée vous passionne ?
Le Kunstmuseum de Bâle pour l’architecture, la déambulation, les collections, la salle consacrée à Hans Holbein le Jeune, Le Jockey blessé d’Edgar Degas et l’accrochage subtil des collections modernes.
Votre musée imaginaire ?
J’adorerais rassembler des Matisse de 1910, des arts décoratifs de 1700 à 1740, de la statuaire dogon, Sol LeWitt et Ellsworth Kelly, des instruments scientifiques, des céramiques de Valentine Schlegel, des émaux de Limoges et des verres de Venise, et ouvrir ce musée à des visiteurs jeunes, moins jeunes, habitués ou pas.
Habitant le Sancerrois, vos recommandations ?
À Sancerre, la Galerie 1947, de Stéphanie Borsa, qui expose Marc Nucera, Mamadou Cissé ou Charlotte Cory. À Henrichemont, le centre de céramique contemporaine La Borne (une totale réussite dans ses choix) et le musée de la Poterie. Sans oublier les caves du domaine Vacheron et celles d’Alphonse Mellot.
Olivier Gabet, quel est votre lieu parisien ?
Le parc Monceau et les rues alentour, qui portent le nom des peintres collectionnés par les grandes familles qui habitaient ici, à la fin du XIXe siècle. La folie XVIIIe , l’éclectisme du Second Empire, la mélancolie d’un âge d’or se mélangent dans ce quartier.
> Site du MAD. L’exposition « Luxes » rouvrira ses portes dès que cela sera possible…