Paris : Un nouveau bâtiment en transparence signé Renzo Piano

Inaugurée en décembre dernier dans le nord de Paris, la Maison de l’ordre des avocats est le dernier chef-d’œuvre de Renzo Piano. Une véritable prouesse technique doublée d’une architecture luxueuse et maîtrisée qui ne verse jamais dans l’ostentation.

C’est un véritable tour de force que Renzo Piano vient de réaliser dans le XVIIe arrondissement avec la Maison de l’ordre des avocats (MOdA). Le nouveau bâtiment prend place au pied d’une autre œuvre de l’architecte italien : le tribunal de Paris, qui tutoie les cieux de la capitale depuis 2018, dès lors qu’il a quitté son emplacement historique sur l’île de la Cité. Mais la MOdA est bel et bien une entité distincte, à l’image du fonctionnement des deux institutions, bien que la filiation architecturale soit évidente. Elle abrite sous un même toit des bureaux, des salles de réunion, une bibliothèque, un auditorium, une salle des marchés et de nombreux espaces connexes.

S’insérer dans un quartier et une parcelle parisienne

Dans ce nouveau quartier affecté à la Justice, les deux bâtiments voisins sont séparés par un parvis public. Inaugurée en décembre 2019, la MOdA est avant tout une prouesse technique puisque le bâtiment s’élève sur une parcelle triangulaire fortement contrainte par les équipements qui occupent le sous-sol : le tunnel de la ligne 13, la nouvelle sortie de la ligne 14, le réseau d’eau et de collecte pneumatique des déchets du quartier Clichy-Batignolles et les tirants souterrains du nouveau palais de justice.

Autant dire que la place très limitée qu’il restait pour les fondations a nécessité un véritable travail d’orfèvre : il a fallu se glisser au chausse-pied entre les ouvrages pour garantir la stabilité d’un édifice construit ni plus ni moins sur du vide. Plus qu’un bâtiment, la MOdA est une véritable infrastructure. Seuls le savoir-faire constructif et l’expérience d’une agence chevronnée comme celle de Renzo Piano pouvaient l’arranger de cette situation complexe, sans sacrifier l’esthétique sur l’autel de la technicité. Car avec 28 000 avocats, le barreau de Paris est le plus important d’Europe : il lui fallait donc un écrin à la mesure de sa stature. Le brief ? Un luxueux bijou d’architecture, quoi qu’il en coûte ! La genèse fut longue. Initié en 2012, le projet a vu passer cinq bâtonniers successifs et un certain nombre de modifications.

Transparence, fonctionnalité et indépendance

Voici les concepts qui ont guidé Renzo Piano Building Workshop (RPBW) pour concevoir le bâtiment. L’agence a opté pour un exosquelette métallique, léger au regard du sous-sol, et des façades entièrement vitrées. À l’intérieur, l’intelligence des détails et le soin porté aux finitions sont saisissants. Si rien n’est laissé au hasard, cette perfection a néanmoins un prix : 85 millions d’euros pour construire cet édifice de 7 150 m2. Pourtant, fidèle à ses habitudes, Renzo Piano ne verse jamais dans l’ostentation malgré la sophistication mise en œuvre ici. Avec ce projet, il nous prouve une nouvelle fois que son studio excelle dans l’art de construire. L’entrée s’effectue sous un grand porte-à-faux, tandis que le bureau du bâtonnier, au dernier étage, profite d’une vaste terrasse avec vue sur celle, voisine, du tribunal de Paris et sur le quartier en construction de Clichy-Batignolles.

L’agence Renzo Piano Building Workshop a conçu deux projets d’architecture pour deux institutions parisiennes au service de la Justice : le nouveau tribunal de Paris (à droite) – qui réunit tribunal d’instance et tribunal de grande instance – et la Maison de l’ordre des avocats toute en transparence. Les deux bâtiments se répondent dans une même transparence, avec un air de famille, qui projette ses reflets célestes sur le quartier Clichy-Batignolles.
L’agence Renzo Piano Building Workshop a conçu deux projets d’architecture pour deux institutions parisiennes au service de la Justice : le nouveau tribunal de Paris (à droite) – qui réunit tribunal d’instance et tribunal de grande instance – et la Maison de l’ordre des avocats toute en transparence. Les deux bâtiments se répondent dans une même transparence, avec un air de famille, qui projette ses reflets célestes sur le quartier Clichy-Batignolles. Sergio Grazia
Le travail du verre et les jeux de transparence par Renzo Piano.
Le travail du verre et les jeux de transparence par Renzo Piano. Sergio Grazia

Un partenariat d’exception

Pour parfaire ce bâtiment exceptionnel dans tous les sens du terme, RPBW a collaboré avec le fabricant Unifor, qui a conçu un mobilier spécifique. Ce n’est pas une première. C’est une relation au long cours qui unit la marque italienne du groupe Molteni et l’architecte du Centre Pompidou. Dans la bibliothèque, ils ont imaginé un mur de livres qui offre des rayonnages en chêne sur 30 mètres et deux étages. Unifor a également fabriqué une grande banque d’accueil en bois, et la société Staron, une surface solide qui offre un fini parfaitement lisse en plus d’être extrêmement résistante.

Enfin, fruits de ce partenariat, deux bulles de confidentialité permettent d’organiser des réunions en toute intimité. Elles prennent la forme de cabines dont les vitrages sont fixés dans des profilés en aluminium laqué. Ces RP Partitions (des parois de séparation vitrées) sont elles aussi le fruit d’années de mise au point entre RPBW et Unifor. Une illustration supplémentaire de cette architecture sur mesure pensée au millimètre. « Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail », disait Léonard de Vinci. Ce n’est pas son compatriote qui dira le contraire.

Connectée, avec 60 postes de travail, elle permet aux avocats une consultation sur place et en ligne. Un mobilier spécifique a été créé par la société Unifor, un partenariat ancien entre l’éditeur et l’architecte.
Connectée, avec 60 postes de travail, elle permet aux avocats une consultation sur place et en ligne. Un mobilier spécifique a été créé par la société Unifor, un partenariat ancien entre l’éditeur et l’architecte. Sergio Grazia
La bibliothèque se déploie sur deux étages.
La bibliothèque se déploie sur deux étages. Sergio Grazia

> Ordre des avocats de Paris – Maison des Avocats. Cours des Avocats, CS 64111, 75833 Paris Cedex 17. Tél.: 01 80 27 19 20.