Leurs noms vous sont familiers sans que vous ne sachiez pourquoi ? C’est peut-être parce qu’Emily Marant et Hugo Matha œuvrent dans l’univers de la mode et de l’art depuis des années sans pour autant truster les gros titres. Leur crédo, c’est plutôt la discrétion. Prenez Emily : avec son agence Studio Marant, elle guide et conseille en backstage les plus beaux labels créatifs dans leur stratégie de communication. Quant à Hugo, si son nom s’est imposé sur la scène mode grâce à ses pochettes ultra luxe, il a décroché une place au soleil en signant les uniformes de l’hôtel de Crillon.
Ces deux hyperactifs et amis dans la vraie vie fantasment un jour sur l’idée d’unir leurs savoir-faire et leurs réseaux. Dans leurs têtes, trotte l’idée d’inventer leur propre notion de l’édition d’art. Particulièrement attachés à la France, à sa culture et à son artisanat, le concept était donc quasiment trouvé. French Cliché prend la forme d’un carrefour collaboratif de talents orchestré par Emily et Hugo. Un artiste peintre s’associe à une manufacture de tissus (Victor Cadene et Maison Thevenon), une créatrice de mode à un céramiste (Amélie Pichard et l’atelier de Tessa), une designer à une fabrique de moulures en bois (Marion Mailaender et l’Atelier du Lys)… Les couples, voire les trouples, se forment au gré des rencontres et donnent naissance à la toute première collection collective de French Cliché.
Attendu à Milan en avril dernier, le baptême de French Cliché a fait les frais de l’annulation de la grande foire du design. Un mal pour un bien pour l’éditeur qui a ainsi pu étoffer sa collection inaugurale, présentée ce mois-ci à la galerie Joyce. Ouvert au public jusqu’au 29 octobre, le lieu a pour l’occasion été rhabillé par Maison Mère, un studio qui source des pièces de design du XXe siècle pour les réinterpréter par des choix de textiles et coloris inédits. Un décor joyeux teinté de l’univers seventies qui colle à la perfection avec l’ADN de French Cliché.
Ce premier opus n’est qu’un avant-goût de l’ambition du duo parisien. « Quelques autres collaborations sont déjà en préparation, voire en production », nous confie Emily Marant. « Nous avions d’ailleurs prévu de déménager l’exposition aux Etats-Unis, et notamment à Dallas qui est une ville qui nous inspire beaucoup, mais le contexte en a voulu autrement… » Amérique, mais aussi Asie sont donc dans le viseur de French Cliché, qui convoite un marché global. L’avenir nous dira si cette French Touch artisanale franchira nos frontières avant un prochain vaccin…
En attendant cette expansion à l’international, French Cliché n’est pas à court d’idées. Si la France demeure encore l’unique terrain de jeu de ce jeune éditeur d’un nouveau genre, alors French Cliché s’en accommodera : « Nous avons en tête d’ouvrir notre propre espace, un lieu où nos talents pourraient se retrouver et créer plus facilement ». Une sorte de résidence donc, qui faciliterait les échanges et les rencontres dans une époque où les déplacements fréquents sont plus que déconseillés. Un showroom est aussi en réflexion pour 2021 pour permettre aux futurs acquéreurs de voir de près les pièces – souvent uniques – de French Cliché.
> French Cliché. A la Galerie Joyce. 168, galerie de Valois, 75001 Paris. Jusqu’au 29 octobre 2020. Les pièces seront prochainement mis en vente sur le site de la maison.