Lille 2020 capitale mondiale du design, c’est reparti !

Stoppées dans son élan par la crise sanitaire, les manifestations de Lille 2020, capitale mondiale du design, viennent de reprendre. IDEAT vous livre son parcours idéal dans la métropole…

Au Tri postal, deux expositions de haut vol

Première étape de notre parcours lillois, le Tripostal, bâtiment qui longe la gare de Lille-Flandres. Deux expositions de haut vol s’y tiennent jusqu’à mi novembre. La première, baptisée « Designers du design », propose un ambitieux panorama du design français orchestré par Jean-Louis Frechin, une figure centrale de la scène hexagonale. Si les maîtres du XXe siècle sont rapidement évoqués, c’est pour mieux se concentrer sur tous les créateurs qui font vivre la discipline aujourd’hui. De la pièce consacrée aux objets méconnus de Philippe Starck aux créations de Patrick Jouin et Ruedi Baur pour le Grand Paris en passant par les dernières pièce de mobilier d’Elise Fouin, Matali Crasset ou Mathieu Lehanneur, c’est toute la diversité et la richesse du design français qui éclate (sauf, curieusement les Bouroullec…). A l’étage supérieur, Ramy Fischler plonge les visiteurs dans les utopies du XXe siècle en réunissant des images de science-fiction qui ont influencé les designers. Un travail documentaire épique qui mérite que l’on se pose dans les généreux coussins pour découvrir ces documents d’époque, séries TV, reportages dans les expositions universelles, couvertures de magazine…
> Le Tripostal. Avenue Willy Brandt, 59000 Lille. Jusqu’au 15 novembre 2020.

Toute le scène du design français est rassemblée dans l’exposition « Designers du design », crée par Jean-Louis Fréchin (Nodesign).
Toute le scène du design français est rassemblée dans l’exposition « Designers du design », crée par Jean-Louis Fréchin (Nodesign). © Angelo Chiacchio / Nodesign.net
Les illustrations des revues de Hugo Gernsback dans l’exposition de Ramy Fischler, un des temps forts de Lille 2020.
Les illustrations des revues de Hugo Gernsback dans l’exposition de Ramy Fischler, un des temps forts de Lille 2020. © MEL – Anouk Desury – Light motiv

Li Edelkoort et l’amour du travail

Les experts des tendances Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano investissent la gare Saint-Sauveur, convertie en usine, avec des créations de jeunes designers et makers. Machines et objets y sont exposés, des films présentant les processus de fabrication… L’idée ? Dresser un état des lieux de l’innovation (notamment celle des matériaux) et de la relocalisation de petites unités de production portées par une nouvelle génération de créateurs et d’entrepreneurs. Et montrer comment le design va accompagner les changements de styles de vie dans les vingt prochaines années.
> « A Labour of Love ». À la gare Saint-Sauveur, 17, boulevard Jean-Baptiste-Lebas, 59000 Lille, jusqu’au 8 novembre.

Paperpulp Cabinet et Paperpulp Collectibles (2009–2019) de Debbie Wijskamp, tout en papier mâché recyclé.
Paperpulp Cabinet et Paperpulp Collectibles (2009–2019) de Debbie Wijskamp, tout en papier mâché recyclé. © MEL – Anouk Desury – Light motiv
La Gatti Chair (2012-2018), de Full Grown, un arbre qui a poussé dans une forme.
La Gatti Chair (2012-2018), de Full Grown, un arbre qui a poussé dans une forme. © MEL – Anouk Desury – Light motiv

Les POC ou le design pour tous

Derrière cet acronyme barbare (POC pour proof of concept ou « preuve de concept ») se cache le projet le plus populaire de Lille 2020, qui propose aux acteurs locaux de la métropole de s’associer à des designers pour améliorer le quotidien. Maison des femmes à Roubaix réaménagée par une designer et par les usagères elles-mêmes, dessin et fabrication d’une installation par les élèves avec l’aide d’un collectif sur le parvis du collège Boris-Vian, à Fives, exposition de panoplies innovantes chez Decathlon… Plus de 600 projets ont été accompagnés, avec plus ou moins de succès, ce qui fait aussi partie de la philosophie des POC.
> Pour consulter les POC ouverts au public.

A Roubaix, la maison POC Economie Circulaire présente des initiatives en faveur du recyclage. Retrouvez-y nos chouchous lillois d’Æquo !
A Roubaix, la maison POC Economie Circulaire présente des initiatives en faveur du recyclage. Retrouvez-y nos chouchous lillois d’Æquo ! © Célia Pernot
A la gare Saint-Sauveur, la maison POC Habiter déploie une scénographie où les projets sont suspendus par des sangles.
A la gare Saint-Sauveur, la maison POC Habiter déploie une scénographie où les projets sont suspendus par des sangles. Geoffrey Galand

Emportez la lumière !

On reproche souvent au design de ne parler qu’aux happy few. L’artothèque L’Inventaire prouve le contraire. Ce fonds d’art contemporain, qui, à l’image d’une bibliothèque avec ses livres, offre la possibilité d’emprunter des œuvres, élargit son initiative au design et propose de prêter quinze lampes signées Matali Crasset, Jean-Baptiste Fastrez, Constance Guisset, Ionna Vautrin, Charlotte Perriand, le studio 5.5… Un projet exemplaire de Lille 2020 dont on espère qu’il essaimera partout en France.
> « En pleine lumière ! ». À L’Inventaire, 144, rue Faidherbe, 59260 Hellemmes. Tél. : 03 20 04 88 12. 

Lampe Olo de Jean-Baptiste Fastrez (Moustache).
Lampe Olo de Jean-Baptiste Fastrez (Moustache).
Lampe Firekit du studio 5.5.
Lampe Firekit du studio 5.5. DR

 

Une histoire du design

La première exposition du Louvre-Lens consacrée au design nous parle des objets du quotidien, en plaçant une sélection de réalisations issues d’une démarche de design (de 1850 à nos jours), en regard des œuvres du musée (de l’Antiquité à 1850). Le designer Samy Rio et la curatrice Claire Fayolle, qui ont orchestré ces rapprochements, ont voulu montrer que le design n’est pas coupé de la vie mais qu’il se matérialise dans des objets de tous les jours, créés tant par des stars de la discipline que par des anonymes. Des carreaux de pavage très anciens feront face à un échantillon de rideau des frères Bouroullec et deux gourdes dialogueront dans les vitrines, l’une du XVIe siècle, en céramique, et son pendant en aluminium, produit en 1916…
> « Louvre design ». Au musée du Louvre-Lens, Pavillon de verre, 99, rue Paul-Bert, 62300 Lens, du 7 octobre 2020 au 1er février 2021. 

Plat circulaire orné d’un taureau couché  de -2000 av. JC (Musée du Louvre).
Plat circulaire orné d’un taureau couché  de -2000 av. JC (Musée du Louvre). Musée du Louvre / F./ Raux
Hella Jongerius, Bowl with hippopotamus, céramique peinte à la main (Porzellan Manufaktur Nymphenburg, 2004).
Hella Jongerius, Bowl with hippopotamus, céramique peinte à la main (Porzellan Manufaktur Nymphenburg, 2004). Porzellan Manufaktur Nymphenburg

Le design à la rencontre de l’industrie du Nord

Région d’industrie et de savoir-faire, le nord de la France recèle encore nombre d’entreprises emblématiques. A l’occasion de Lille 2020, Céline Savoye, la spécialiste et directrice de Lille-design, l’association fondatrice de l’événement lillois, a invité trois maisons du territoire à s’allier à des designers et à exposer au centre d’art Le Fresnoy le fruit de leurs expérimentations. Sam Baron a dessiné un confident pour la maison Drucker, spécialiste du mobilier en rotin, Élise Fouin réalise des terrils de fils tissés par la Manufacture Jules Pansu et Jérôme de Alzua va collaborer avec la briqueterie Lamour. Ces rencontres ont été captées par le cinéaste Alain Fleischer, directeur du Fresnoy, où seront aussi diffusés les films de ces riches rencontres.
> « Passé, présent, mémoire industrielle ». Au Fresnoy, studio national des arts, 22, rue du Fresnoy, 59200 Tourcoing, du 15 octobre 2020 au 3 janvier 2021. 

 

Elise Fouin a cherché de nouvelles voies pour les tissages de la maison Jules Pansu.
Elise Fouin a cherché de nouvelles voies pour les tissages de la maison Jules Pansu. Elise Fouin

Réinventer la vie

Les « Usages du monde » proposent une série de démarches architecturales, environnementales ou agricoles portées par des designers, qui visent à réinventer nos modes de vie dans un contexte de crise énergétique et climatique.  De l’aménagement de la maison aux infrastructures innovantes pour gérer la pénurie de l’eau sans oublier la permaculture, 40 projets sont explorés à travers des documents, des maquettes, des vidéos et un bout de bâtiment grandeur nature. La donnée essentielle, c’est que les 36 expérimentations montrées sont toutes réalisées et viables. Professionnels ou amateurs, leurs designers sont passés de la théorie à la pratique en proposant des signaux forts et optimistes pour les années à venir.
> « Les usages du monde ». À la gare Saint-Sauveur, 17, boulevard Jean-Baptiste-Lebas, 59000 Lille, jusqu’au 8 novembre. 

Vue de l’exposition « Les Usages du monde » à la Gare Saint-Sauveur.
Vue de l’exposition « Les Usages du monde » à la Gare Saint-Sauveur. © MEL – Anouk Desury – Light motiv

Lille 2020 : 100 % made in bassin minier

À Lille, le trio de jeunes designers Æquo s’appuie sur des matériaux locaux (de la brique pulvérisée, par exemple) pour les transformer en matière première… Leur collection initiale s’inspire du patrimoine minier : soliflore (La Montagne noire, ci-dessous) ou luminaire en forme de terrils, patères reprenant le motif des briques des corons. Après une résidence à la Cité des électriciens, à Bruay-la-Buissière, Æquo revient sur place et propose des ateliers participatifs qui viennent compléter l’exposition. L’occasion de (re)découvrir cette cité transformée en un lieu de création contemporaine et qui offre des gîtes conçus par des décorateurs.
> « Quand le design rend visite au patrimoine ». À la Cité des électriciens, rue Franklin, 62700 Bruay-la-Buissière, jusqu’au 1er novembre. 

Vase la Montagne noire, inspiré des terrils du Nord (Æquo).
Vase la Montagne noire, inspiré des terrils du Nord (Æquo).