Depuis qu’ils ont fondé Freaks Architecture en 2007, Guillaume Aubry, Cyril Gauthier et Yves Pasquet s’amusent à démythifier l’image qu’on se fait de leur profession. Encore récemment, l’agence parisienne a publié sur le net une série de vidéos relevant les nombreux clichés associés à la figure de l’architecte. Dans cette même lignée, leur nouvelle exposition brise désormais le piédestal sur lequel on place généralement les grands maîtres du Modernisme.
Dans la petite enceinte de la galerie Gratadou (Paris IIIe), dix maquettes illustrent les toutes premières œuvres des architectes les plus célèbres de l’histoire. L’occasion de découvrir que Gaudi a inauguré sa carrière par la réalisation de toilettes pour une coopérative ouvrière. Que Mies van der Rohe s’est adonné à un style prussien, ou que Le Corbusier a signé sa première construction dans la mouvance du régionalisme jurassien. Quant à Auguste Perret, il n’a pas hésité à orner son chalet familial avec de faux pans de bois avant de devenir l’un des pionniers du béton armé.
Sculptés avec une finesse remarquable grâce à un système de fraiseuses à commande numérique, les dix monolithes de bois rappellent le caractère anecdotique de ces premières commandes et mettent en exergue des parcours accidentés en termes de langage architectural. Excepté la Villa Majorelle d’Henri Sauvage, protagoniste de l’Art nouveau converti au rationalisme et à la préfabrication, les édifices réunis sont tous restés dans l’ombre de leurs auteurs et de leurs réalisations les plus renommées, poussant parfois Freaks à effectuer un véritable travail d’enquête pour les retrouver.
De la pouponnière d’Oscar Niemeyer à la synagogue de Louis Kahn, en passant par les premiers bâtiments d’Alvar Aalto, Peter Behrens ou Eric Mendelsohn, l’exposition démontre que même les meilleurs ont pu souffrir à leurs débuts d’un manque d’expérience ou de savoir-faire technique. Un nouveau regard sur les origine du Modernisme mais surtout un message chargé d’optimisme pour tous les architectes qui débutent : le talent n’est pas inné, il se cultive !
> Exposition « Premières oeuvres », jusqu’au au 26 septembre 2020 à la Galerie Gratadou. 12, rue de Thorigny, 75003 Paris.