Même s’il demeure avant tout un créateur de mode, le monde de la décoration d’intérieur est loin d’être étranger à Jean-Charles de Castelbajac. Celui qui donne vie depuis plus de cinquante ans à un univers saturé de couleurs et rendant hommage à la Pop culture, décline aussi son univers chez lui, à travers trois pièces qu’il nous présente. Après avoir récemment officié pour le Coq Sportif ou Rossignol, le créateur français a traversé les Alpes pour devenir le directeur artistique de Benetton. Et en novembre prochain, il signera la scénographie, au Mobilier National, d’une exposition célébrant 40 ans de design français.
1/ Le fauteuil Miss Butterfly de Christian Ghion
« Lorsque j’ai ouvert mon concept-store rue Vauvilliers, dans le quartier des Halles, j’ai choisi Christian Ghion pour en concevoir l’aménagement et la structure de l’espace, raconte Jean-Charles de Castelbajac. Je voulais des fauteuils avec de la toile camouflage, car j’ai toujours aimé cet imprimé que je pratique depuis plus de trente ans. Je voulais que ce camouflage soit utilisé en complément de l’orange. Et Christian a réalisé mon rêve en réalisant ce fauteuil canapé qui ressemble à une planche de surf. Il était totalement en phase avec les vêtements que je présentais. »
2/ La bibliothèque « Carlton » d’Ettore Sottsass
« J’étais ami avec Ettore Sottsass. Nous avions fondé ensemble une société secrète dédiée à l’arc-en-ciel, qui s’appelait la “Rainbow Society”. Nous étions amis depuis 1981, année où j’ai pratiqué un symposium avec lui à Berlin. J’ai toujours aimé cette bibliothèque, qui pour moi incarnait un objet profane et sacré à la fois, comme un temple à un culte païen qu’aurait été la lecture. Cette pièce m’a toujours inspiré : par sa complexité spatiale, par sa dimension ergonomique et par ses textures et ses couleurs, avec ce chromatisme chaotique. J’ai acquis cette pièce après avoir rencontré Ettore. C’est une pièce qui m’est chère, que je chéris et qui vieillit difficilement, parce qu’elle a vécu à mes côtés plusieurs décennies, et elle a supporté les livres qui m’ont inspiré, comme elle m’a aussi inspiré. Elle est incontournable du vocabulaire extraordinaire qu’était ce génie. »
3/ La lampe « UFO » pour KO & CO
« Je l’ai dessinée à la fin des années 1980. KO & CO était l’entreprise que j’avais fondée avec ma mère à la fin des années 1960 pour créer un mode de vie, un univers transversal, se souvient Jean-Charles de Castelbajac. J’aime beaucoup cette lampe, non seulement parce que je crois aux soucoupes volantes, mais aussi parce qu’il y a cette idée un peu naïve de futurisme, comme vue par le prisme d’un enfant, mis en contraste – en contraire presque – avec la structure de son pied, qui est très rustique, comme si elle avait été taillée par un jeune scout avec un canif. Elle synthétise bien l’essence de mon style qui est constitué d’accidents émotionnels et de rencontres décalées de matériaux. J’aime aussi les petits hublots multicolores, qui projettent les couleurs qui ont marqué ma vie, mon style, ma carrière, mon imaginaire. »