Expo : Olafur Eliasson, trente ans d’art écoresponsable

Après Londres, c’est à Bilbao que l’artiste danois d’origine islandaise Olafur Eliasson a installé une trentaine de ses oeuvres les plus emblématiques. Celles-ci résument trente ans d’une carrière guidée par une seule ligne directrice : l’écologie. Quand l’art se conjugue avec l’activisme.

Lors de la dernière Biennale d’art contemporain de Lyon, les visiteurs ont pu découvrir Supportive, de Gustav Metzger, un paysage composé de sept écrans à cristaux liquides en constante évolution. Animé par les mêmes motivations que cette figure de l’underground londonien des années 60, Olafur Eliasson crée des œuvres qui sculptent la lumière et perturbent notre perception. Son ambition : sensibiliser le public aux problèmes environnementaux. Inspiré à la fois par les peintres pointillistes, les avant-gardistes de l’op art et le souvenir des terres islandaises de son enfance, il reproduit des phénomènes naturels de façon spectaculaire, à l’image de l’architecture du musée Guggenheim de Bilbao, signée Frank Gehry, dont les méandres forment un écrin parfait pour ses installations.

Tester le principe de la relativité des sens

D’abord, il présente 450 maquettes (en bois, fil de cuivre, carton ou pièces de Lego) conçues en collaboration avec le mathématicien et architecte Einar Thorsteinn. Ces prototypes constituent un véritable répertoire de formes qui sont déclinées dans les huit salles de l’exposition « In Real Life ». S’y succèdent une paroi de lichen (Moss Wall, 1994), un rideau de pluie dans lequel se forme un arc-en-ciel (Beauty, 1993), une fontaine dont les gouttes d’eau se figent en suspension dans un éclair stroboscopique (Big Bang Fountain, 2014) ou encore un espace inondé d’un brouillard changeant progressivement de couleur et si dense qu’il est difficile d’y repérer son voisin (Your Atmospheric Colour Atlas, 2009). Car c’est bien ce dont il est question : tester le principe de la relativité des sens.

Quant aux grincheux qui reprocheraient à Olafur Eliasson l’empreinte carbone d’un tel événement, on leur répondra que les pièces choisies, issues principalement de collections européennes, ont transité par camion ou par bateau et non par fret aérien. Aussi écoresponsable que récréatif.

>« Olafur Eliasson: In Real Life ». Musée Guggenheim de Bilbao, Espagne. 14 février 2020 – 4 avril 2021. Guggenheim-bilbao.eus

Your atmospheric Colour Atlas, un espace inondé d’un brouillard changeant progressivement de couleur et si dense qu’il est difficile d’y repérer son voisin.
Your atmospheric Colour Atlas, un espace inondé d’un brouillard changeant progressivement de couleur et si dense qu’il est difficile d’y repérer son voisin. Olafur Eliasson
Olafur Eliasson, Beauty, 1993.
Olafur Eliasson, Beauty, 1993. Anders Sune Berg Museum of Contemporary Art
Olafur Eliasson Your uncertain shadow (colour), 2010.
Olafur Eliasson Your uncertain shadow (colour), 2010. María del Pilar García Ayensa / Studio Olafur Eliasson Thyssen-Bornemisza Art Contemporary Collection