En l’espace de quelques années, Toulon a délaissé son image de cité désindustrialisée et décatie en misant sur la création contemporaine. Une renaissance spectaculaire qui se poursuit cet été. Malgré le report à 2021 de son festival d’architecture intérieure et de sa grande exposition avec le Centre Pompidou, la préfecture du Var propose néanmoins jusqu’à fin octobre au centre-ville une programmation riche, élaborée en collaboration avec l’équipe de la Villa Noailles.
Première étape, le cours Lafayette. C’est ici que la première promotion d’étudiants de l’école Camondo (qui a récemment créé une antenne toulonnaise) s’est emparée d’une ancienne boutique de vêtements désaffectée. Ils ont utilisé « Monique » comme un terrain d’exercice à l’échelle 1 sur le rôle de la couleur dans la perception des volumes. Les sept élèves ont choisi une palette chaude et estivale, en phase avec l’ambiance de la ville. Leurs bandes de couleur concentriques produisent un effet hypnotique, que l’on peut apprécier de jour comme de nuit à travers les vitrines.
A deux pas, se trouve l’ancien évêché. Centre névralgique du festival d’architecture intérieure depuis trois ans, il a été obligé de réduire la voilure en raison de la crise sanitaire. Sa seule exposition a été confiée à l’artiste Benoît Maire, artiste qui a délaissé sa liberté de plasticien pour se prêter au jeu du design : il expose une série de chaises qui explorent la forme de la demi-lune, en variant les lignes et matériaux (métal, cannage, chêne…). Quant à Alexandre-Benjamin Navet, il a recouvert les murs du patio de ses fresques joyeuses. On retrouve son trait coloré et solaire comme un fil rouge dans tout le centre-ville. Ses œuvres représentant bâtiments iconiques de Toulon et éléments de la culture populaire – comme cette sublime assiette d’oursins ! – parsèment en effet la rue des Arts en format XXL. Et il est aussi intervenu sur la façade néo-classique de l’Hôtel des arts, qu’il a habillée de ses coups de pinceau. A l’intérieur, sont exposées des photos de François Halard, qui saisit avec justesse les intérieurs les plus raffinés de la planète. Il propose une visite de bâtiments et décors découverts dans le patrimoine moderniste de Toulon ainsi qu’une série de clichés de la mythique Villa E-1027 d’Eileen Gray.
Mais le clou de cet « Eté à Toulon », c’est l’exposition « Toulon, c’est canon ! » à la Galerie du Canon. L’accrochage retrace la façon dont des artistes locaux ont embelli cinq bâtiments emblématiques de la période de la reconstruction dans les années 1950-1960 : la Frontale du port (1953) et la mairie (1969), la chapelle de la Transfiguration (1968), la piscine du Port-Marchand (1972) et l’ancien siège de la Caisse d’Epargne (1969). On y découvre les œuvres et les travaux préparatoires de la tapisserie d’Henri Pertus représentant un Toulon idéalisé à travers les âges ou des panneaux en céramique de Jean Gérard Mattio et Christiane Carielle, initialement destinés à orner la Caisse d’Epargne. Une célébration réjouissante des arts décoratifs toulonnais, toujours vivaces cinquante années plus tard…
« L´été à Toulon », jusqu’au 31 octobre. Entrée libre.
> Hôtel des Arts. 236, boulevard Maréchal Leclerc.
> Galerie du Canon. 10, rue Pierre Semard.
> Rue des arts -> rue Pierre Semard.
> Ancien évêché. 69, cours Lafayette.
> Monique boutique. Cours Lafayette.