Au XXe siècle, elles ont été plutôt rares, ces femmes qui sont parvenues à exister dans les domaines du design et de l’architecture intérieure, domaines longtemps dominés par la gent masculine. Très peu connue du grand public, Janette Laverrière (1909-2011) fait partie de celles-ci. Personnalité multifacettes, artiste, designer mais aussi activiste politique, cette Franco-Suisse refusait d’être assignée à une seule discipline et encore moins réduite à son genre ! Difficile d’échapper au destin familial : elle grandit dans un milieu d’artistes et d’intellectuels qui lui offre très tôt la possibilité d’exprimer sa sensibilité.
Son père n’est autre qu’Alphonse Laverrière, architecte suisse reconnu. Janette étudie à l’Allgemeine Gewerbeschule de Bâle, avant d’intégrer en 1931 l’atelier du célèbre décorateur français Jacques-Émile Ruhlmann, à Paris. Elle se lance ensuite avec son mari, Maurice Pré, puis en solo après son divorce, expose régulièrement au Salon des artistes décorateurs et multiplie les créations novatrices. Si elle a bénéficié d’une reconnaissance posthume plutôt confidentielle, elle est aujourd’hui considérée comme une représentante importante du modernisme dans la France de l’après-guerre.
A contre-courant
En marge des conventions établies, Janette Laverrière ne s’interdisait rien. Elle a osé mêler les courants et les influences, manier la couleur et les matériaux nouveaux… Le tout, à l’instinct, tout comme elle défendait avec vigueur sa profession. Certaines de ses œuvres sont aujourd’hui commercialisées en série limité par JL Editions, une entreprise fondée en 2018 à Berlin par le galeriste Michel Ziegler. Sa Bibliothèque tournante en bois et métal, initialement dessinée pour son amie artiste Pierrette Bloch, ou encore son iconique Fauteuil Cognac témoignent du caractère avant-gardiste de cette créatrice dont les œuvres intemporelles ont traversé les époques sans jamais perdre de leur pertinence.