Frappés de plein fouet par la crise de la Covid-19, les éditeurs italiens ont récemment relancé leur activité mais sans pouvoir s’appuyer sur le Salon de Milan, la traditionnelle rampe de lancement printanière de leurs nouvelles collections. A l’heure où l’incertitude pèse toujours sur l’avenir de la manifestation, Cassina vient de révéler une nouvelle collection riche en nouvelles collaborations comme en rééditions prestigieuses.
1/ Des rééditions prestigieuses
La collection « I Maestri » est la pierre angulaire du catalogue Cassina avec des signatures de la trempe de Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Charlotte Perriand ou Gerrit Rietveld… Cette année, c’est l’architecte, scénographe, peintre et photographe italien Ico Parisi (1916-1996) qui rejoint le panthéon de l’éditeur italien avec une série de trois meubles dessinés dans les fifties et réalisés avec C&B, l’ancêtre de Cassina : le fauteuil 875 au piétement arqué, la table Olimpino à la complexe géométrie de métal et la console PA’ 1947 en bois massif, que Parisi installa dans sa propre maison.
L’autre designer mythique à l’honneur cette année, c’est Vico Magistretti (1920-2006) dont on fête le centenaire de la naissance. Cassina réédite pour l’occasion son canapé Maralunga aux appuie-têtes repliables, habillé d’un velours à fines côtes très seventies. La chaise 905 (1964) fait, elle, son retour après vingt ans d’absence. Quant à la bibliothèque Nuvola Rossa, elle démontre tout le génie pratique du maestro.
Initiée en 2019, la collection hommage au travail de Pierre Jeanneret à Chandigarh se prolonge, elle, avec deux références : le fauteuil Kangaroo et un banc tous deux réalisés en bois (teck ou chêne) et paille de Vienne.
Pour compléter cette série de rééditions, l’éditeur de mobilier s’est associé au porcelainier florentin Richard Ginori pour éditer de la vaisselle, initialement conçue par Le Corbusier pour le restaurant Prunier à Londres. Ainsi que des assiettes ornés de bas-reliefs dessinés pour Chandigarh. Enfin, impossible de ne pas citer le sublime paravent orné d’un dessin de l’artiste Giacomo Balla datant de 1917 et illustrant le mouvement futuriste dont il était le fer de lance.
2/ La chambre à l’honneur
La collection 2020 de Cassina se concentre sur la chambre à coucher, conçue comme un havre de sérénité grâce à des matériaux qui absorbent le bruit ambiant, de nouveaux matelas fabriqués avec des matières premières bio et recyclables ainsi que des rideaux conçus avec la griffe Dedar.
En tête de gondole de cette collection, on trouve la chambre signée de la directrice artistique de la marque, Patricia Urquiola et baptisée Bio-mbo. Fabriquée dans un tissu qui absorbe la pollution ambiante, sa tête de lit se replie de chaque côté pour former un cocon dédié au sommeil. En option, une table de chevet et une lampe complètent le dispositif.
Acute, le modèle de Rodolfo Dordoni opte, lui, pour un design beaucoup plus acéré et des matériaux nobles (noyer, cuir et marbre) mais là aussi le tissu purificateur de Cassina est disponible en option. Enfin, Neri & Hu, nouvelle signature de Cassina, proposent un ensemble de pièces pour dressing, composé d’un paravent et d’une console en noyer canaletto et d’un valet rehaussé de marbre.
3/ Des canapés de grandes signatures
Pour son canapé Sengu, Patricia Urquiola s’est inspiré – comme Charlotte Perriand – de l’art de vivre japonais et en a tiré un système de sofa aux dimensions généreuses et aux formes anguleuses accompagné de trois tables basses assorties qui marient bois et marbre. Quant à Piero Lissoni, il livre avec Mex-Hi un concentré de design italien contemporain : élégant, modulable, confortable et mettant en valeur les savoir-faire de la Brianza. Là aussi, une table basse en marbre et bois accompagne le canapé.
4/ Cassina LAB, le futur des matériaux
Le géant du mobilier contemporain, désormais propriété du groupe américain Haworth, s’est engagé depuis l’an dernier dans une démarche durable. Après la collection Starck réalisée en faux cuir fabriqué à partir de déchets de pommes, son CEO Luca Fuso a annoncé la création d’un partenariat avec l’emblématique Politecnico de Milan, l’université qui a formé les plus grands designers italiens, afin d’identifier les matériaux les plus polluants utilisés par l’éditeur et de les remplacer par des alternatives plus vertueuses. Les nouvelles références du catalogue 2020 intègrent donc des textiles et des rembourrages dont les fibres sont issues du retraitement de plastique PET récolté dans les océans. C’est notamment le cas du canapé DucDuc de Mario Bellini, de retour cette année, et des assises LC2 et LC3 de Le Corbusier.
L’autre axe de travail du Cassina LAB, c’est le bien-être, avec des recherches sur les matériaux qui absorbent de manière passive (c’est-à-dire sans consommer d’énergie) la pollution et le bruit ambiants. Le fruit de ces premières recherches a fait son apparition dans la collection dédié à la chambre.