Tout un chacun en possède au moins une paire. Qu’on les appelle baskets, tennis ou sneakers, l’histoire de ces chaussures débute en 1839 avec la découverte de la vulcanisation par le chimiste Charles Goodyear. Instable, supportant mal les écarts de température, le caoutchouc est alors peu pratique à travailler dans sa forme brute. Avec l’invention de l’Américain, le matériau gagne en stabilité, souplesse, imperméabilité et élasticité, offrant ainsi des perspectives dans différents secteurs de l’industrie.
Les sneakers à la conquête du monde
Quelques décennies plus tard, le procédé gagne l’univers du soulier en conférant aux semelles une longévité inédite. Appliquée aux chaussures de tennis, la vulcanisation signe la naissance de l’ancêtre de la basket moderne. Si elle ne se dispense pas de rappels historiques, l’exposition qui leur est consacrée à Bordeaux prend le parti d’une approche libre et joyeuse. À travers des films, des documents d’archives, des photos, des témoignages et une ribambelle de modèles emblématiques (de 1900 à aujourd’hui), la proposition chapeautée par Constance Rubini, la directrice du MADD, retrace l’incroyable épopée de cet accessoire qui a conquis toute la planète.
Signe de cette notoriété, le marché mondial des sneakers a dépassé les 82 milliards d’euros en 2019. Certaines paires, sollicitées par les collectionneurs, peuvent atteindre des records. La Moon Shoe de Nike, des années 70, a notamment été adjugée 437 500 dollars en 2019. Dans leur sillage, ces emblèmes de la culture pop croisent l’aura de grands sportifs et artistes, comme ceux du hip-hop, qui a étendu de manière inédite le champ magnétique auquel ils étaient autrefois cantonnés.
Ascension et évolution
Parmi eux, Run-DMC, dont le tube My Adidas, sorti en 1986, donna lieu au premier contrat entre une marque de sport et une star de la musique. De leur succès auprès des breakdancers new-yorkais aux marques de luxe, de leur statut d’icônes du stade à leur usage citadin, les sneakers embrassent un vaste territoire qui se dévoile ici sous différentes facettes, y compris celle de l’innovation technologique (Air, Primeknit…). On peut par ailleurs constater que les sneakers évoluent afin de répondre aux enjeux de la mode éthique et du développement durable.
Grâce à la collaboration des archives des grandes marques et d’institutions de référence dans le domaine (80 prêteurs pour plus de 600 paires et documents présentés), « Playground » est la première exposition de cette envergure en Europe à présenter ce phénomène culturel.
Dans les respect des consignes sanitaires, de nombreux événements, à la fois « offline » et « online » autour de l’exposition verront bientôt le jour (concerts, DJ sets, rencontres, animations, ateliers pour enfants…). Sont également prévues des rencontres sportives avec les JSA Bordeaux Métropole Basket, sur un terrain aménagé dans la cour d’honneur du musée.
> « Playground – Le design des sneakers ». Au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, du 20 juin 2020 au 10 janvier 2021. Le nombre de visiteurs étant limité, le public est invité à réserver sa plage horaire de visite par mail ou par téléphone (05 56 10 14 00). Du lundi au vendredi, de 9 heures à 18 heures.
> Inauguration en live sur Instagram @madd_bordeaux le vendredi 19 juin à 19 heures.