Margaux Keller
La designer Margaux Keller, basée à Marseille depuis 2012, déplace l’alpha et l’oméga du design, à savoir la fonctionnalité et l’esthétique, vers une troisième injonction, essentielle selon elle : l’émotion. Celle qui aménage des espaces commerciaux et scénographie des boutiques ou des restaurants entend concevoir, sous son propre nom, des objets qui diffusent de la bienveillance. Car la bienveillance est plutôt du côté de l’éthique. Concrètement, cela donne la collection de sièges « Nacre » pour Boqa, en forme de coquillage tressé pour s’asseoir au soleil, ou la lampe à poser Planier, petite sphère qui semble comme remplie d’anémones de mer.
Marion Duclos Mailaender
Marseillaise, Marion Duclos Mailaender, 40 ans, ex-enfant de la Cité radieuse de Le Corbusier, vient de décorer le Sacré, un nouveau club parisien au plafond saturé de tuyaux. Elle y a ajouté des boules à facettes et des reproductions de statues grecques. Ancienne étudiante de l’école Boulle en architecture et design, elle a ouvert son studio en 2004. En plus de l’aménagement de boutiques, de clubs, de restaurants et d’appartements, elle se distingue par ses vases en marbre ou en granito ornés de brides chaînées de sacs à main. Chez elle, Marion Duclos Mailaender n’a pas hésité à recouvrir le sol de carreaux blancs en émaux de Briare, comme dans une piscine. Elle qui dessine des lampes ou du mobilier est aussi une grande fan de design italien. D’où sa chaise Superpesante en bronze, hommage ironique à la Superleggera de Gio Ponti.
Marie-Christine Dorner
À l’École Camondo, elle était sensible aux designs italien et scandinave. Après sa formation, à l’âge de 25 ans, elle part pour un tour du monde et fait escale pendant un an à Tokyo, chez l’éditeur de meubles et d’accessoires de décoration Idée. Pour Starck, elle est alors la nouvelle Charlotte Perriand. De retour du Japon, Marie Christine Dorner conquiert la scène française à la fin des années 80. Londonienne de 1996 à 2008, elle revient dans l’Hexagone, où, souvent, les heures d’absence ne pardonnent pas. Son secret est peut-être d’avoir su rester concentrée sur l’esthétique et le fonctionnel. Marie Christine Dorner ne s’est donc pas laissé distraire. Chaque année, avant le défilé du 14-Juillet, c’est sa tribune présidentielle qui est dépliée place de la Concorde. Et son restaurant à la Comédie-Française n’a pas bougé.
Nathalie Dewez
Ses élèves de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée (ESADMM) ont de la chance. Car ces futurs designers, qui débuteront pour la plupart en concevant des luminaires, bénéficient, étudiants, des lumières d’une professionnelle. La designer belge Nathalie Dewez, 46 ans, spécialiste du luminaire, donc, a étudié à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, à Bruxelles. Ses objets édités sont résolument contemporains. Son travail n’est d’ailleurs pas circonscrit à la seule lampe comme support mais aussi aux flux de photons qui en émanent. La qualité, la chaleur, voire la couleur de la lumière, tout compte. Nathalie Dewez ne s’est pas fait connaître autrement qu’en allant à l’essentiel, tâche ardue s’il en est. Parce que le marché réclame aussi du design expressif. Mission accomplie chez Ligne Roset avec sa lampe et son vase Car Light en verre, marqué de reliefs mais sans coquetterie.
Élise Fouin
Le nouvel atelier de la designer Élise Fouin, 41 ans, ressemble à la jeune femme, élevée dans un ancien monastère de Franche-Comté. Le lieu, ordonné sur deux niveaux, fait la part belle à ses étagères Système T, en tasseaux de bois clipsés aux murs. Ses luminaires en papier diffusent dans l’espace une poésie plastique. Élise Fouin est sortie de l’école Boulle en 2003, passant de l’orfèvrerie au mobilier. Personne ne l’a jamais vue signer un objet extravagant, qu’il soit de luxe ou pour la grande distribution. Et pourtant, rien n’est plus remarquable que sa suspension Saika en papier washi, réalisée avec le maître artisan japonais Yoshishige Tanaka. La designer, férue d’artisanat, entend se servir des savoir-faire pour réaliser des objets uniques. Même chez un éditeur de luminaires comme Forestier, ses lampes restent aériennes et légères. Un dessin sur lequel rien ne pèse.
Isabelle Stanislas
Architecte de formation, Isabelle Stanislas dirige des projets à géométrie variable, entre aménagement intérieur, architecture et conception de mobilier. Elle réalise aussi bien un hôtel à Ibiza qu’une maison au Portugal ou un domaine près d’Angoulême. À Paris, elle vaccine à tour de bras les appartements parisiens contre le BCBG. Il suffit parfois d’un meuble signé d’elle pour saisir qu’absence de prétention n’est pas synonyme d’effacement. Sa banquette Splash et son canapé Jérôme ? Des plages de velours comme flottant au-dessus du sol. Quant à sa banquette Bee, emmitouflée elle aussi dans le velours, elle se pare sur les côtés d’abeilles dorées brodées, tel un sari ! As de la scène déco, Isabelle Stanislas ne règne pas en bulldozer. En témoigne une certaine salle de bains marbrée, sertie dans une petite datcha sur cour, place des Vosges, à Paris.