Derrière le fameux Pritzker Prize, la RIBA Royal Gold Medal est l’une des récompenses les plus prestigieuses du monde de l’architecture. Parmi ses lauréats, on trouve de grands noms de la discipline, d’Eugène Viollet-le-Duc à Tadao Andō, en passant par Frank Lloyd Wright et Le Corbusier. Mais depuis son lancement en 1848, le Royal Institute of British Architects (RIBA) n’a accordé cette précieuse médaille à une femme qu’à cinq reprises : Grafton Architects en 2019, Zaha Hadid en 2016, Sheila O’Donnell en 2015 (avec John Tuomey…), Patricia Hopkins en 1994 (avec Michael Hopkins…), et enfin Ray Eames en 1979 (avec son mari Charles). Bref, un palmarès où la parité n’est pas vraiment de mise… Une balance des genres pointée du doigt par Part W, un collectif de femmes œuvrant pour l’égalité dans le monde très masculin de l’architecture.
Afin de rectifier le tir, le groupe a dressé cette année une liste, sur laquelle figure six femmes qui mériteraient de remporter la fameuse médaille. Sur celle-ci, on retrouve pour le millésime 2021, le collectif Matrix, l’urbaniste et architecte américaine Denise Scott Brown, l’architecte tchèque Eva Jiřičná, l’Ecossaise Kate Mcintosh, l’Américaine Sharon Egretta Sutton et enfin la Pakistanaise Yasmeen Lari. Part W n’en est pas à son coup d’essai. L’année dernière, le collectif avait dévoilé une autre liste, compilant pour chaque année depuis la première RIBA Royal Gold Medal, les noms des femmes architectes ou designers qui auraient pu remporter la fameuse médaille. Parmi les lauréates imaginaires, Odile Decq, Gae Aulenti, Charlotte Perriand, Eileen Gray, Aino Aalto, Lilly Reich, etc.
Un manuel pour influer sur les prochains prix
Pour obtenir la médaille d’or du RIBA, il faut que les candidats aient exercé une « influence significative sur l’architecture, directement ou indirectement ». Cela indique clairement la nécessité d’inclure la profession dans son ensemble, et notamment toutes celles qui repoussent les limites de l’architecture au profit des communautés, des lieux et des individus. « Le prix ne pouvant pas être décerné à titre posthume, bon nombre de celles qui figurent sur notre liste comme Eileen Gray, Ruth Glass, Mary Medd, Minnette de Silva, Marjory Allen et bien d’autres n’obtiendront jamais la reconnaissance qu’elles méritent », regrette l’association. D’où le choix cette année, de femmes bien vivantes, qui « ont donné de l’espoir et ouvert la voie à une future génération d’architectes », ajoute Part W.
En proposant cette liste, le collectif souhaite pointer du doigt le déséquilibre qui règne dans le monde de l’architecture, mais aussi mobiliser ceux qui souhaitent influencer les nominations. « Il est crucial que des organisations comme le RIBA continuent d’évoluer […] jusqu’à ce que nous l’architecture devienne une profession inclusive, qui peut être pratiquée de manière diverse », affirme-t-il. Envie de participer ? Rien de plus simple. En plus de sa liste, le collectif a publié un manuel pour influer sur le choix d’attribution de la fameuse médaille. Attention, les nominations seront closes ce 12 juin 2020. Une campagne qui pourrait s’avérer payante. En effet, Grafton Architects, le studio dublinois fondé par Shelley McNamara et Yvonne Farrell, lauréat de la RIBA Royal Gold Medal 2020 et du Prix Pritzker 2020, figurait sur la liste de Part W parue en 2019…