Comment Aesop a eu l’idée de s’inspirer de Charlotte Perriand pour son quatrième parfum ?
Pernette Perriand-Barsac : Barnabé Fillion, le nez qui se cache derrière les senteurs d’Aesop, nous a contactés il y a quelque temps car il connaissait le travail de Charlotte et il est fou du Japon, comme elle. Il a donc imaginé que nous pouvions faire quelque chose ensemble.
Avez-vous été surpris par leur initiative ? Connaissiez-vous Aesop ?
Jacques Barsac : Nous n’avons pas été étonnés car nous savions que cette marque de cosmétiques, qui confie toujours ses showrooms à des designers différents, était très sensible à l’architecture, au design et à l’idée de voyage…
Est-ce la première fois que l’on vous proposait de développer un parfum inspiré de Charlotte ?
P.P.-B. : Oui, c’est la première fois mais avec Jacques, cette idée nous trottait dans la tête depuis un moment. Nous avions eu envie de faire un parfum au moment de l’exposition (Le nouveau monde de Charlotte Perriand, à la fondation Louis Vuitton qui s’est achevée en février), puis nous avons mis cette idée de côté. Lorsque Barnabé nous a contactés, nous avons immédiatement accepté !
« Nous voulons nous souvenir de Charlotte d’une façon plus vivante qu’une statue. La faire vivre avec un parfum éphémère nous semble davantage correspondre à ce qu’elle était. »
Comment s’est passée la collaboration avec l’équipe d’Aesop ?
P.P.-B. : Barnabé est venu nous voir plusieurs fois avec ses fioles et de notre côté nous l’avons embarqué, lui et son équipe de jeunes créatifs, dans le chalet de Charlotte à Méribel. Nous lui avons fait visiter son appartement et sommes allés au Japon ensemble, une autre source importante d’inspiration pour le parfum.
Charlotte portait-elle du parfum ?
P.P.-B. :: Oui, elle portait du Vetiver de Guerlain et parfois des fragrances qui sentaient le clou de girofle. Lorsque Barnabé est venu nous voir, il avait en tête un parfum qui sentirait la rose. Mais si elle vivait entourée de ces fleurs, elle n’en portait pas. Il nous a semblé plus judicieux de nous orienter vers un mélange de vétiver, de racines de shiso, et de les marier à la rose pour imaginer une odeur de terre, de vent, boisée, unisexe qui lui ressemble…
Ce n’est pas la première fois que vous associez le nom de Charlotte à des créations contemporaines, ne craignez-vous pas de dénaturer son nom ?
J.B. : Généralement, pour rendre hommage à un créateur, on lui dresse une statue. Nous, on veut se souvenir de Charlotte d’une façon plus vivante qu’une tête posée sur un socle dans un square. On veut s’en souvenir dans la vie quotidienne et l’art de vivre. La faire vivre avec un parfum éphémère nous semble davantage correspondre à ce qu’elle était. Nous avons déjà connu cette expérience avec Vuitton et sa collection de vêtements inspirés d’elle. Nous avons toujours plaisir à collaborer avec de jeunes créateurs et créatrices originaires de pays différents qui s’approprient à leur manière Charlotte. Ça l’aurait beaucoup amusée !
Pensez-vous mener d’autres expériences du même genre autour de Charlotte ?
P.P.-B. : Oui, nous sommes prêts pour d’autres expériences… Notamment des bijoux inspirés de son travail… Nous avons hâte !
> Eau de parfum Rozu, 150 € le flacon de 50 ml, Aesop.