Les crues de la Seine lui avaient été fatales… Le 10 février 2018, les courants emportaient par le fond la péniche l’Asile flottant, amarrée quai d’Austerlitz. Heureusement, cette barge en béton, dont l’aménagement intérieur est signé Le Corbusier, s’apprête à refaire surface. Le renflouement prochain est rendu possible grâce à l’association japonaise ADAN (Architectural Design Association of Nippon) ainsi qu’à de généreux donateurs. Un beau clin d’œil aux fondements même de la péniche dont solidarité et partage ont toujours été les maîtres-mots.
L’Asile Flottant, entre solidarité et partage
En 1928, Madeleine Zillhardt rachète un chaland construit à des fins commerciales, dix années auparavant par l’Office National de la Navigation. Son objectif ? En faire don à l’Armée du Salut. Un réaménagement est alors envisagé afin d’offrir un abri provisoire aux plus démunis des Parisiens. Ainsi naît l’Asile Flottant. Sur une idée de la Comtesse de Polignac, Le Corbusier est alors choisi pour s’occuper de la rénovation et de la transformation.
L’architecte suisse l’équipe de lits, de sanitaires, d’un réfectoire et même d’un toit végétalisé caractéristique de son travail. La barge sert de refuge jusqu’en 1994 avant d’être rachetée en 2006 par l’association Louise-Catherine avec l’idée d’en faire un centre culturel. Dès lors, la solidarité se mue en partage : expositions et résidences d’artistes se succèdent au sein de ce monument classé historique depuis 2008. Le plasticien Frederick Gauthier a notamment investi les lieux afin d’en faire un atelier temporaire dans lequel il a créé une centaine de théières en béton qu’il a exposées sur place.
Un projet de réhabilitation franco-japonais
Avant même sa submersion, le Japonais Shuhei Endo, vice-président de l’ADAN, dirigeait déjà les travaux de rénovation de la barge. Cette association est en effet engagée depuis 2008 dans la sauvegarde de la structure flottante signée Le Corbusier. C’est donc naturellement qu’à la suite du sinistre, la SAS Louise-Catherine a confié le projet de réhabilitation à l’association japonaise. Pour mener à bien la remise en état, l’ADAN a organisé une levée de fonds en avril 2019, sollicitant aussi bien des acteurs publics que privés. Le partenariat entre France et Japon ne s’arrête pas là. À partir de ce printemps, le chaland, qui restera amarré au quai d’Austerlitz, son emplacement originel, sera agrémenté de deux passerelles en acier inoxydable, cadeau de la société japonaise Alloy.
Quant à l’activité future de la barge, la volonté de la SAS Louise-Catherine et de l’ADAN reste inchangée : une fois les travaux achevés, l’Asile Flottant demeurera un lieu à vocation exclusivement culturelle. Mais il faudra attendre 2020 pour (re)découvrir un aménagement façonné par Le Corbusier, en même temps que l’exposition qui accompagnera cette réouverture.