Cela fait maintenant plus de trente ans que Nathalie Du Pasquier s’est éclipsée du monde du design afin de se consacrer pleinement à la peinture. A Genève, la Pace Gallery présente jusqu’au 6 mars prochain une sélection d’œuvres récentes de la cofondatrice du groupe Memphis. L’exposition baptisée « The strange order of things 2 » s’inscrit dans la continuité de la première édition, montrée à Séoul et qui explorait déjà les thèmes de la couleur, de la forme et de l’espace.
Pendant longtemps, l’artiste avait pour habitude de créer des saynètes en bois, qu’elle transposait sur la toile. Une manière de briser les frontières entre beaux-arts et design. On remarque qu’au fil des années, ses tableaux s’éloignent des objets réalistes et des natures mortes pour se tourner vers des représentations de plus en plus abstraites, géométriques.
Retour à l’abstraction
Lorsqu’on lui demande si ces formes abstraites font écho à ses premiers travaux de design, Nathalie du Pasquier confirme : « Le fait que les peintures ne représentent plus des modèles signifie qu’elles se construisent directement sur la toile. L’abstraction, dans mon cas, était née avec la construction de ces modèles. Evidemment, les peintures qui les représentaient semblaient abstraites mais étaient, en réalité, des peintures figuratives ! Cette abstraction était en moi, faisait partie de mon travail de designer et elle a resurgi au moment où j’ai eu besoin de formes qui n’étaient plus narratives. »
Un espace vivant et immersif
Ici, les surfaces planes communiquent avec les objets tridimensionnels. Une façon d’interroger le spectateur non seulement sur l’ordre des choses mais aussi sa perception du monde matériel. Nathalie explique sa démarche : « Ce qui est intéressant pour moi, c’est l’étrangeté d’une forme qui existe mais qu’on ne reconnait pas, qu’elle soit peinte ou reproduite en trois dimensions. »
« The strange order of things 2 » a également la particularité de faire dialoguer les tableaux avec le lieu qui les expose à travers un jeu de couleurs. « Pour cette exposition, nous avons peint les murs de la galerie. Les tableaux sont donc en relation avec un espace coloré, rythmé par des marques qui ne sont pas les tableaux. Le rendu est bien sûr différent d’un espace neutre ou blanc. Mais il s’agit d’une exposition et je trouve intéressant de proposer un cadre plus spectaculaire. Cela devient presque comme une installation. Et puis il y a la belle lumière qui entre dans la galerie venant du Rhône qui se reflète dans le lac Léman. Genève est une belle ville et “The strange order of things” lui sied parfaitement. »
Et quand, en guise de question subsidiaire, on évoque le rapport qu’elle entretient aujourd’hui avec le motif (comme ceux qu’elle a récemment développés pour Hay et Hermès), Nathalie affirme que ce travail l’intéresse toujours mais qu’aujourd’hui, elle est devenue « une designer du dimanche » !