L’adresse, entre les quartiers Flatiron et Gramercy, est bien connue des New-Yorkais. Le 281 Park Avenue South abrite l’un des joyaux de l’architecture de la ville : un bâtiment de cinq étages à la façade extravagante, de style Renaissance flamande, construit à la fin du XIXe siècle. Propriété d’organisations religieuses et caritatives durant des décennies, l’ancienne Church Missions House s’est récemment convertie en centre culturel voué à la photographie contemporaine.
Ce nouvel espace muséal multi-concept n’est autre que l’extension new-yorkaise du Fotografiska de Stockholm, conçu par les frères Per et Jan Broman il y a dix ans. La rénovation de l’édifice – un lieu historique « au potentiel illimité », selon Geoffrey Newman, un courtier investisseur associé à l’affaire – a été confiée à l’agence CetraRuddy. « Leur approche avant-gardiste en matière de design et leur respect du bâtiment donnent vie à un lieu susceptible d’offrir une expérience cohérente, du rez-de-chaussée au cinquième étage », poursuit Geoffrey Newman.
Fotografiska, la photo sous tous les angles
Le cabinet de conseil Higgins Quasebarth & Partners a apporté son expertise pour la restauration et la préservation des éléments historiques, notamment les vitraux d’origine, longtemps restés cachés. Dans l’esprit des Fotografiska de Stockholm et Tallinn (inauguré en juin dernier), le centre new-yorkais proposera tous les genres en la matière. « Les frères Broman ont profondément élargi la façon d’appréhender la photographie », estime la directrice des expositions, Amanda Hajjar, transfuge de chez Gagosian, fameux réseau international de galeries d’art. Une diversité qui dominera dès l’ouverture, cet hiver, à Manhattan : les corps sensuels de la célèbre photographe de mode allemande Ellen von Unwerth côtoieront les paysages dénudés de la Suédoise environnementaliste Helene Schmitz ; les portraits de Tawny Chatmon issus notamment de « The Redemption », la dernière série de l’artiste multimédia afro-américaine, et inspirés du « cycle d’or » du peintre viennois Gustav Klimt, renverront aux mises en scène cinématographiques du photographe israélien Adi Nes.
Thèmes new-yorkais
La première exposition sera réalisée en partenariat avec le magazine Time et dévoilera les travaux consacrés à la maternité de la photo-journaliste Anastasia Taylor-Lind. « Nous voulons présenter des thèmes qui parlent aux New-Yorkais, comme l’immigration, les normes des genres, les inégalités salariales ou encore la garde de la petite enfance, explique Amanda Hajjar. Anastasia Taylor-Lind a enquêté sur la façon dont les modes de garde s’organisent à New York, des nannies (« nourrices ») aux crèches. Un travail incroyable. » Dix-huit à vingt-cinq expositions sont prévues chaque année sur les trois étages qui leur sont réservés. Fotografiska, qui vise 500 000 visiteurs par an à Manhattan, « n’est pas seulement un lieu d’exposition, c’est aussi un espace multi-expérimental, précise Amanda Hajjar. On y vient pour la photographie, ainsi que pour son offre culinaire et pour discuter. »
Le premier étage accueillera un restaurant conçu par le studio Roman & Williams – à qui l’on doit notamment la renaissance de l’Ace Hotel et du Standard High Line, à New York, ainsi que la rénovation des galeries anglaises du Metropolitan Museum of Art. Le cinquième et dernier étage sera consacré aux événements et à la programmation créative. L’ouverture, prévue initialement au printemps 2019, a été retardée de plusieurs mois en raison de l’ambitieux travail de transformation du 281 Park Avenue South, « un projet à la fois de préservation et de rénovation, rappelle Geoffrey Newman, mais aussi une reconception complète de cette demeure historique, afin qu’elle devienne une nouvelle destination d’art, de divertissement et de restauration ». Un souffle culturel vivifiant que connaîtra Londres dans les prochains mois avec l’ouverture d’un quatrième Fotografiska.