Lorsque Mozart compose la Flûte enchantée, il imagine un univers à la fois baroque et inspiré de l’Egypte ancienne… Pousser la porte de la chapelle des Calvairiennes, construite en 1624 à Mayenne, c’est ressentir la même émotion. Devant l’immense retable richement ornementé, le designer Jean-Baptiste Fastrez a en effet installé deux obélisques et une pyramide noire qui, au lieu d’écraser le retable, le remettent au centre de l’attention. Le rôle de ce dispositif haut de plusieurs mètres est de valoriser son environnement. Tout le contraire du noir absolu de l’artiste Anish Kapoor qui « absorbe » ce qui l’entoure…
Sur ses flancs et tout autour, le designer, qui a récemment reçu le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, expose pour la première fois l’ensemble de son travail dans « Première Communion », une exposition monographique présentée jusqu’au 15 décembre. « Il a imaginé une sorte de temple disco, en fixant ses appliques “masques” irisées sur les obélisques. On est en plein dans le métissage des cultures », analyse Mathias Courtet, responsable de cette chapelle reconvertie en centre d’art contemporain. « De la même façon, ses petits culbutos créés pour la manufacture de Sèvres rivetés sont inspirés des vaisseaux de Star Wars… Dans le travail de Jean-Baptiste flotte comme un parfum de madeleine. Lorsque j’ai découvert son masque, j’ai ressenti la même chose que lorsque j’ai écouté le premier morceau de Daft Punk », décrit le curateur.
Toute l’exposition est à l’avenant : sur le tapis aux motifs de néons ultra-contemporains est posé le vase en céramique Anubis inspiré de l’Egypte ancienne. Dans le dos du retable, une pièce lumineuse accueille ses carnets de recherche, ses travaux de diplôme et ses lampes Olo, inspirées des caméras vidéo, mais surtout les miroirs Zodiac, dessinés pour l’éditeur Moustache, dont le cadre est constitué de gros boudins de céramique.
Imposante, la scénographie semble pourtant observer constamment le visiteur, à l’image de ce mur de miroirs. Une sensation qui se prolonge quand on revient dans la première salle : le miroir Nil installé dans le dos de la pyramide reflète habilement des détails du retable. Dans les petites chapelles qui bordent la nef, sont dispersées d’autres miroirs – une typologie que Jean-Baptiste Fastrez affectionne – entre deux étagères en bois réalisées spécialement pour l’exposition. Car le rôle du centre d’art contemporain le Kiosque est aussi de co-produire des pièces pour ses expositions. C’est ainsi que son équipe a aidé le designer à réaliser ces étagères.
Le Kiosque n’en est pas à son coup d’essai en matière de design. Avant Jean-Baptiste Fastrez, la chapelle des Calvairennes avait ainsi accueilli une rétrospective de Constance Guisset et une exposition de Marie-Aurore Sticker-Metral, pour laquelle le Kiosque avait produit des écrans en bois habillés de toile. Un travail de prototypage essentiel puisque les étagères vont être éditées dans les semaines qui viennent…
> « Jean-Baptiste Fastrez, première communion ». Jusqu’au 15 décembre au Centre d’art contemporain Le Kiosque, la chapelle des Calvairiennes. 13, rue Guyard-de-la-Fosse, 53100 Mayenne. Kiosque-mayenne.org