Tout juste livré par l’agence Ferrier-Marchetti, Grand Central Saint-Lazare étire ses 2 600 m² entre deux immeubles haussmanniens entièrement rénovés, et un nouveau bâtiment de bureaux accolé à l’un des plus grands « hubs » parisiens. En mitoyenneté avec la gare du XIXe siècle, le complexe joue clairement de ses relations de voisinage : à travers des espaces de restauration et coworking avec vue sur les quais et une façade qui répond à la verrière historique de la gare en usant des mêmes jeux de rythmes et de reflets.
Face à la rue d’Amsterdam, le projet s’inscrit également dans le prolongement de la place de Budapest. Comme le souligne Jacques Ferrier, associé à Pauline Marchetti depuis 2008, « L’un des enjeux consistait à créer de l’espace public dans l’un des quartiers les plus congestionnés de Paris. » Objectif atteint, avec une promenade qui s’installe en lieu et place d’une ancienne cour technique. Connecté à la rue, l’espace de 1 600 m² n’en est pas moins protégé du tumulte urbain, car isolé derrière l’un des deux immeubles haussmanniens rattachés au projet.
Donnant accès à deux commerces implantés au rez-de-chaussée, à un auditorium en balcon sur la rue et à l’ensemble des bureaux, cette respiration dans la ville dessine une première transition entre espaces publics et privés, dans la continuité d’une recherche sur les seuils initiée par Sensual City Studio. Co-fondé par Jacques Ferrier et Pauline Marchetti autour d’une équipe d’architectes, urbanistes, designers, philosophes et géographes, le collectif prône depuis plusieurs année « un angle de vue plus sensible de l’architecture et de la ville ».
Militant pour une « ville sensuelle », avec la volonté de « retranscrire les ambiances, faire ressentir la qualité de la lumière, de la matière [et de] fabriquer un imaginaire de projet », le duo propose ici « une impression urbaine nouvelle », née de la réinterprétation des toiles de Monet. Un siècle et demi après ses représentations de la gare Saint-Lazare, les dégradés du père de l’Impressionnisme se déclinent désormais en lames de verres sur « une façade qui ne s épuise pas au premier regard, mais offre différents visages en fonction de la lumière, au cours de la journée et des saisons », commente Pauline Marchetti.
Tout en évoquant le siège de la Métropole Rouen Normandie, inauguré en 2015 par l’agence basée à Paris, Lisbonne et Shanghai, les lames de verre côtoient une seconde typologie de façade. Une réinterprétation des verrières d’ateliers qui ceinture les derniers étages, pour mieux profiter du panorama parisien. Malgré sa hauteur relativement faible, le nouveau bâtiment domine le paysage et invite à contempler la capitale à 360°, depuis 2 000 m² de terrasses et de jardins suspendus, dont un potager de 800 m². Un cadre bucolique pensé comme « une liaison entre la nature et la ville », qui devrait ravir les 900 employés de Pernod Ricard.