Si Jacques Herzog et Pierre de Meuron sont connus pour leur discrétion, leurs projets font a contrario souvent preuve d’une véritable audace. Ils s’apprêtent à frapper un nouveau grand coup, cette fois-ci à Moscou. Après Rem Koolhaas ou Renzo Piano, la métropole fait appel aux architectes suisses pour ressusciter l’ancienne brasserie Badaevskiy, qui occupe six hectares en centre-ville, au bord de la Moskova. Une opportunité foncière de choix pour la ville, qui multiplie les projets immobiliers après avoir longtemps privilégié la tabula rasa pour se développer. C’est heureusement une approche urbaine totalement différente que proposent Herzog et de Meuron.
Préserver le bâti existant
Délabrée, en grande partie abandonnée depuis les années 2000, cette usine sera réactivée par une programmation dynamique et une posture architecturale forte. Car, pour Jacques Herzog, « Moscou est une ville à l’héritage culturel et politique à la fois riche et controversé, où des constructions patrimoniales tantôt avant-gardistes, tantôt conservatrices, témoignent de son histoire. Notre projet s’inscrit dans cette tradition de l’urbanisme moscovite : respecter et réutiliser des bâtiments industriels tout en ajoutant des structures radicalement contemporaines. »
La meilleure façon qu’ont trouvée les Bâlois pour préserver l’existant, c’est de construire au-dessus des toits historiques, à 35 mètres de hauteur. Les nouveaux édifices seront perchés sur une forêt de poteaux, prenant l’allure d’un gratte-ciel horizontal. Une manière de libérer le sol, restitué sous la forme d’un grand parc paysager signé Vogt Landscape Architects. Cette opération immobilière ambitieuse mêlera des logements, des bureaux et des commerces sur quelque 100 000 m² et prévoit de rénover en parallèle les 30 000 m² existants qu’offrent les bâtiments historiques.