Baptisée « Mad X », l’exposition du Centre Pompidou se concentre jusqu’à l’année prochaine sur les projets les plus marquants de cette agence d’architecture basée à Pékin et Los Angeles. « Si le X représente les 10 projets exposés, il a aussi une autre sens. Le X signifie également l’inconnu. Avec lui, j’espère exprimer mon envie d’explorer de nouveaux territoires, ce qui est plus important que de reproduire le passé », explique Ma Yansong, fondateur de l’agence, aujourd’hui associé à Dang Qun et Yosuke Hayano.
Tournée vers le futur depuis sa création 2004, l’agence défraye régulièrement la chronique à grands coups d’expérimentations formelles. Toujours sculpturales et souvent organiques, elles façonnent désormais un paysage fantasmé dans une des salles du musée parisien. Douze maquettes s’y assemblent pour composer un archipel fictif, ou plutôt « une métropole d’un nouveau genre ». Une description que ne contredira pas le responsable du service architecture du Centre Pompidou et commissaire de l’exposition.
« L’invitation faite à l’agence MAD est précisément due à la singularité de ses projets », souligne Frédéric Migayrou, pour qui « l’architecture contemporaine a besoin de plus d’architectes comme Ma Yansong, de jeunes architectes qui défient et influencent courageusement la jeunesse, le grand public et les dirigeants, pour réfléchir à l’avenir du design. » Dans un monde constellé de villes génériques, rigides et monotones, MAD propose l’exact opposé et revendique un futur onirique, où l’homme, la ville et la nature se développent en harmonie.
Accompagnées de quelques poèmes et de croquis, les maquettes témoignent de cette approche héritée de la philosophie orientale. L’opéra de Harbin paraît sculpté par l’eau et le vent en référence au climat glacial de la ville. Egalement en Chine, à Nanjing et à Pékin, des immeubles résidentiels miment les reliefs des montagnes traditionnellement représentées dans les peintures de style Shanshui. Et le centre de conférences de Yabuli se fond dans le dénivelé d’un site escarpé.
Architecture et paysage tendent à se confondre, parfois jusqu’à l’extrême. A l’image du Pingtan Art Museum, qui dessine une véritable péninsule artificielle sur la côte chinoise. Ou de la tour East 34th, dont le dégradé du vitrage semble s’évaporer dans le ciel de New York. D’une crèche au futur musée de Georges Lucas, prévu à Los Angeles en 2021, les transitions entre espaces intérieurs et extérieurs se veulent progressives et invitent à la contemplation de l’environnement, à la manière des balcons qui galbent les ondulations sinueuses des Absolute Towers.
Nouvelles icônes de Mississauga, les deux tours sont surnommées Marilyn Monroe Towers par les Canadiens en raison de leurs silhouettes cambrées. Une esthétique ondulante qui vient d’ailleurs de faire son apparition à Paris, avec les logements UNIC, en passe d’être inaugurés face au parc de la ZAC Clichy-Batignolles. Une preuve de plus qu’avec MAD l’avenir se construit au présent !
> Exposition « Mad X », présentée jusqu’au mois d’avril 2020, au Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, 75004 Paris.