L’oeuvre d’Hans J. Wegner apparaît toujours aussi pertinente, au moment où magazines et bureaux de tendances ouvrent leurs bras comme jamais aux néo-artisans, des as du savoir-faire également préoccupés de style. Tombé dans le design par le biais de l’ébénisterie, Hans Wegner est incontestablement leur ancêtre.
Hans Wegner (1914-2007) a pu apprécier très jeune la maestria de son cordonnier de père. Lui a choisi très tôt de devenir un artisan ébéniste. Plusieurs fois primé, il a tiré du bois tout un registre de formes sans jamais cesser d’être moderne. Sa maîtrise technique n’a pas corseté le créateur en lui.
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Ado, dans sa petite ville de Tonden, au sud du Danemark, Wegner voyait déjà son avenir dans l’ébénisterie et la menuiserie, ce qui l’a conduit à intègrer l’École des métiers d’art de Copenhague. À seulement 22 ans, il produit ses premiers meubles. Pendant la guerre, il meuble la mairie d’Aarhus sous la houlette de l’architecte-designer Arne Jacobsen.
À 34 ans, il est lancé. Son mobilier en bois massif se vend bien. Au fil des années, les récompenses de la guilde des ébénistes pleuvent. En 1943, sa China Chair fait sensation avec son dépouillement qui revisite la tradition.
En 1947, sa chaise Peacock dont le dossier évoque une queue de paon le fait rayonner hors de son pays. « Il ne faut pas prendre les choses trop au sérieux. Il faut jouer un peu mais… sérieusement », disait Hans Wegner à propos de son métier. En témoigne sa chaise 501 (1949) que les Américains rebaptiseront bientôt The Chair à cause de son aspect épuré et définitif.
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Pourtant, Hans Wegner va bientôt se lâcher avec le fauteuil Flag Halyard (1951). Archiconfortable, c’est l’une des chaises longues les plus insolites de l’histoire du design, avec sa fourrure posée dessus : cultissime. Mais le confort est bien là, comme sur la chaise pivotante Swivle (1955), trop bien dessinée pour ne convenir qu’au bureau. Le talent de Hans Wegner est à son paroxysme avec la chaise 58 (1987) qu’il considère comme la plus aboutie de ses assises.
En 1993, Marianne Wegner Sorensen, sa fille architecte reprend le studio et veille depuis au respect de ses créations. Leur point commun est d’avoir débarrassé les vieilles typologies de ce qu’elles avaient en trop pour concevoir des structures brutes mais toujours augmentées d’un style très personnel.
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