Quand Le Corbusier dessine la lampe Escargot en 1954, celui-ci ne cherche qu’à éclairer la pelouse de la Cité radieuse de Marseille, inaugurée le 14 octobre 1952. Le Corbusier est un architecte et un designer à qui il arrive, occasionnellement, de peindre et de réaliser des sculptures. Et c’est bien à l’univers artistique de son temps que sa lampe renvoie, en se donnant notamment des petits airs d’un Brancusi. Mais ce qu’elle évoque surtout, c’est la fabrication typique qui est alors à l’œuvre.
Réalisée pour le seul projet architectural de la Cité radieuse, elle n’a jamais été produite en série. Les habitants de l’époque se souviennent-ils de cette paire de coques de mollusques vissées tête-bêche en haut d’un mât afin d’éclairer la végétation du hall ?
Véritable pièce de collection
Federico Palazzari, à la tête de Nemo Lighting, un label de luminaires né dans l’orbite de l’éditeur Cassina, milite pour la réédition de chefs-d’oeuvre comme l’Escargot, ressortis des limbes. Pour ce fan de lampes d’architectes signées Perriand ou Albini, celle-ci, en tant que projet unique, n’était possible qu’en édition limitée. Avec le concours de la fondation Le Corbusier, 150 exemplaires numérotés ont été édités, pas un de plus. À la voir, sculpturale, « enroulée », cette lampe n’a effectivement rien de l’objet reproductible à l’infini. Ses parois sont irrégulières, en laiton vieilli à l’extérieur et en aluminium anodisé à l’intérieur.
La source de lumière, dont l’intensité est réglable, ne se reflète que sur la face argentée. Esthétiquement, émotionnellement, on peut poser ce luminaire chez soi comme un objet culte du design. Le néophyte peut aussi y voir un objet rétro sans préciosité. Pourtant, son prix élevé – un peu plus de 10 000 € – surprend. Mais pour tout ce qu’il charrie, les design addicts tendance archi considéreront que cet objet n’a pas de prix…