Avec ses accoudoirs enveloppants comme des ailes d’oiseau, le Pélican (1940) est un concentré de design d’auteur et de savoir-faire artisanal. À ses débuts, il est réservé à des amateurs éclairés, bien qu’à l’époque, au Danemark, quiconque voulant s’équiper se voyait proposer du mobilier et des objets de haute qualité. Dans le pays, créateurs et artisans ont très tôt travaillé de concert…
Au XIXe, les ébénistes étaient formés à l’Académie royale des beaux-arts de Copenhague et étaient donc proches des milieux de la création. Au début des fifties, le Pélican vole de ses propres ailes jusqu’à New York où, adapté pour le marché américain par le fabricant Baker, ses formes sculpturales ont marqué les designers locaux (il suffit d’observer le travail postérieur du New-Yorkais Vladimir Kagan…) pour s’en convaincre.
Finn Juhl est de ces designers qui refusaient les rigueurs du fonctionnalisme. Son âme vibrait plutôt devant les sculptures organiques de l’Anglaise Barbara Hepworth, Picasso ou Jean Arp. À 18 ans, quand il entre aux Beaux-Arts, ses yeux ont déjà vu en Suède le modernisme 1930 des bâtiments de Gunnar Asplund. Son lien avec l’ébéniste Niels Vodder, rencontré en 1937, l’aide à s’affranchir des limites techniques. Il ne réinterprète pas les formes traditionnelles, il préfère dessiner un fauteuil à la fluidité sensuelle. Le mot n’est pas trop fort…
Finn Juhl choisit des bois (souvent du teck) traités pour être un plaisir au toucher. Aujourd’hui, l’exigence de Juhl vibre toujours aussi fort. Sa Pelican chair est l’une de ces icônes modernistes acceptées dans le club très fermé des meubles qui traversent les siècles.
> Pelican Chair de Finn Juhl (House of Finn Juhl, à partir de 4 284 €).