Expo : Big-Game fête 15 ans de création au Mudac

La ville de Lausanne retrace le parcours de ses enfants prodigues au sein de l’exposition « Big-Game, Objets du quotidien », présentée au Mudac (Musée de design et d’arts appliqués contemporains). Le trio de designers y déploie toute sa palette créative, à la fois simple, enjouée et marquée par le souci de s’adresser au plus grand nombre.

Après Matali Crasset, Pierre Charpin, Yves Béhar ou Constance Guisset, Chantal Prod’Hom, directrice du Mudac de Lausanne, a choisi de mettre en lumière le studio Big-Game, « l’un des rares, en Suisse, à avoir développé une carrière d’une telle épaisseur. Mais surtout, sa pratique porte sur des objets du quotidien, accessibles, à l’inverse du design de galerie généralement présenté dans les musées. » Une volonté démocratique au cœur de l’identité du studio depuis sa création en 2004.

Le catalogue de l’exposition fait la part belle au processus créatif de Big-Game, en relatant la spécificité de la conception de chacun de ses produits.
Le catalogue de l’exposition fait la part belle au processus créatif de Big-Game, en relatant la spécificité de la conception de chacun de ses produits. BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Encore étudiants à l’ECAL, le Belge Elric Petit, le Suisse Grégoire Jeanmonod et le Franco-Suisse Augustin Scott de Martinville se découvrent un autre point commun que la langue française : « A l’époque, nous étions tous les trois touchés par le fait qu’un designer comme Philippe Starck ait dessiné une brosse à dents. A partir de là, on a commencé à formuler l’envie de concevoir des objets abordables pour la vie de tous les jours », précise le trio à l’unisson.

Banc « Ypperlig » (Ikea), a coté des corbeilles « Baskets » et du porte-manteaux « Beam » (Hay).
Banc « Ypperlig » (Ikea), a coté des corbeilles « Baskets » et du porte-manteaux « Beam » (Hay). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Installé à Lausanne depuis dix ans après des débuts partagés entre la Suisse et la Belgique, Big-Game s’attaque à la monotonie des objets les plus courants, sans pour autant tomber dans la démonstration formelle. En témoignent les lignes sobres, mais graphiques, des corbeilles, porte-manteaux, lampes, montres et collections de vaisselle aujourd’hui réunis au sein de l’exposition. Composée d’une trentaine de projets, celle-ci invite à (re)découvrir chaque objet à l’aune des inspirations, techniques de fabrication ou rencontres inhérentes à sa création.

Chaise « Bold » (Moustache), étagères « Ypperlig » (Ikea) et tabouret « Bravo » (Aoo).
Chaise « Bold » (Moustache), étagères « Ypperlig » (Ikea) et tabouret « Bravo » (Aoo). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Au mur, les anecdotes se multiplient pour révéler la face cachée de chaque création. Tandis que la fameuse chaise Bold (Moustache) voit le jour grâce à un fabricant de chaussettes – le seul capable de gainer ses tubes de mousse –, les étagères Ypperlig font par exemple preuve d’une stabilité exemplaire, grâce un astucieux système de vissage. Conçues pour Ikea, elles démontrent une fois de plus l’ambition de s’adresser au grand public, de même que les pièces éditées par Hay ou la lampe Small Work, déclinée chez Habitat d’après une version XXL élaborée pour la très pointue galerie Kreo.

Lampe « Spot » (prototype), boîte à outils « Cargo » (Alessi) et lampe « Fold » (prototype).
Lampe « Spot » (prototype), boîte à outils « Cargo » (Alessi) et lampe « Fold » (prototype). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Si Big-Game atteint « l’apothéose » en 2010, avec une bouteille de vin qui constitue son premier objet vendu en supermarché, le studio n’en collabore pas moins avec des éditeurs de prestige. A l’image de Karimoku, expert nippon de l’ébénisterie, ou de l’iconique maison Alessi, pour qui il imagine la polyvalente caisse à outils Cargo. Chez Magis, autre label italien de renom, Big-Game sort en 2016 la chaise Little Big. Ajustable en hauteur pour accompagner les enfants de 2 à 6 ans, elle équipe désormais certaines écoles de la Botte.

Chaises et table « Little Big » (Magis).
Chaises et table « Little Big » (Magis). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Dans une scénographie d’une extrême simplicité, l’exposition met l’accent sur la diversité des collaborations, avec des géants du mobilier comme avec des entreprises d’échelle familiale. Qu’il s’agisse de potiers japonais ou de marques cultes françaises. « Nous apprécions particulièrement de travailler avec des marques comme Opinel ou Lafuma car elles disposent d’un savoir-faire rare et gèrent de façon globale la conception et la production. » Après avoir revisité les couteaux d’antan, le trio vient en effet de concevoir la première collection contract de la marque spécialisée dans l’outdoor.

Jouets de la collection « Bote » (Amorim), fauteuil et chaise « Horizon » (Lafuma Mobilier).
Jouets de la collection « Bote » (Amorim), fauteuil et chaise « Horizon » (Lafuma Mobilier). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

Depuis 2015, le studio se creuse également un sillon dans le domaine de l’aéronautique, en signant des plateaux repas et accessoires pour des compagnies aériennes comme Hong-Kong Airlines, Fly Dubai, Jetblue ou Swiss. « Un secteur qui n’est pas encore saturé de design »… et où il reste beaucoup à faire. Et pourtant, en parallèle de son enseignement au sein de l’Ecal, le studio Big-Game songe déjà à un nouvel eldorado : celui des objets connectés !

Canapé de la collection « Castor » (Karimoku).
Canapé de la collection « Castor » (Karimoku). BIG-GAME – OBJETS DU QUOTIDIEN

> Exposition « BIG-GAME Objets du quotidien », jusqu’au 1er septembre 2019, au Mudac, Place de la Cathédrale 6, 1005 Lausanne, Suisse. mudac.ch

Big-Game x Lafuma Mobilier

Fondée par trois frères épris de grand air en 1930, la maison Lafuma a fait appel au trio lausannois pour concevoir la dernière collection de sa filiale Lafuma Mobilier. Longtemps associée au camping avant de partir à la conquête des terrasses et jardins des particuliers, elle répond désormais aux besoins des cafés, hôtels et restaurants avec la gamme « Horizon ».

A travers la chaise, le fauteuil lounge et la table qui la composent, Big-Game s’est attaché à créer « la ligne la plus fluide possible ». Une manière de valoriser le savoir-faire historique de la marque en matière de structure tubulaire, tandis que de nombreuses finitions et couleurs subliment la résistance de ses textiles.

Intégralement fabriqués entre l’Ain et la Drôme, les trois modèles, pliants ou empilables, doivent bientôt s’agrémenter d’un tabouret de bar et d’une table haute, à découvrir en exclusivité au salon Maison & Objet en septembre prochain…

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