1/ Le berceau de Peter Keler (1898-1982)
L’une des premières icônes du Bauhaus est un berceau… Il porte les couleurs du constructivisme mais aussi celles appartenant aux palettes des peintres Oskar Schlemmer et Vassily Kandinsky. Rafraîchi par une ouverture en cannage, cet ovni coloré a été présenté en 1923 dans la première grande exposition du Bauhaus, à la Haus am Horn, signée Georg Muche. En 1975, l’éditeur Tecta produit pour la première fois ce berceau… et le reconvertit en porte-revues !
2/ Le fauteuil TI1a de Marcel Breuer (1902-1981)
Avec son textile tendu sur une structure de lattes d’érable teinté, ce fauteuil conçu par Marcel Breuer, venu étudier au Bauhaus de 1920 à 1924, est l’antithèse du siège rembourré. Sa relative sobriété à la sauce hollandaise façon De Stijl illustrerait la maîtrise de la proportion consubstantielle au métier d’architecte. Le jeune Marcel Breuer s’est, au fond, livré à une expérimentation. Résultat, Marcel Gropius le nomme responsable de l’atelier de menuiserie à l’âge de 23 ans !
3/ Le fauteuil F51 de Walter Gropius (1883-1969)
À Weimar, dans le bureau du designer et architecte allemand Walter Gropius, premier directeur du Bauhaus, le fauteuil F51, qu’il a lui-même dessiné, capte tout de suite l’attention. Accoudoirs en porte à faux, dossier qui ne touche pas terre et un côté cubique qui suggère le confort. Le label de design allemand Tecta, qui le réédite, ainsi que ses versions canapés, souligne par son vaste choix de couleurs que, quand la forme va, tout va…
4/ Le bureau M61 « Table of the Conferencier » d’El Lissitzky (1890-1941)
El Lissitzky est un peintre russe passé par le suprématisme et qui a touché à tout : architecture, design, graphisme, photographie. Il a même enrichi le constructivisme auprès de son pilier, Vladimir Tatline. Les créations d’El Lissitzky, c’est un peu la peinture graphique et colorée de Malevitch incarnée dans des objets en volumes. Sa « table de conférencier » en placage de frêne, éditée aujourd’hui par Tecta, illustre bien cette idée de « design comme une architecture en mouvement ».
5/ Le lampadaire BST23 de Gyula Pap (1899-1983)
Conçu à l’atelier de métal du Bauhaus, le lampadaire du peintre hongrois Gyula Pap n’avait jamais été édité. C’est le seul objet de cet atelier à avoir été présenté lors de l’exposition de l’école à la Haus am Horn. Conservés dans les archives du Bauhaus à Berlin, ses schémas de fabrication ont permis à Tecnolumen de l’éditer à l’identique, en mélangeant le verre, l’acier tubulaire nickelé et le fer laqué noir. Une petite révolution dans les années 20…
6/ La lampe MT9/ME1 de Wilhelm Wagenfeld (1900-1990)
Surnommée la « Bauhaus Lamp », cette création fait partie des objets les plus emblématiques de l’école allemande. Elle procède d’un dessin préliminaire de Carl Jacob Jucker réalisé en 1923. Le Hongrois Gyula Pap, fort de ses expérimentations sur le verre, y a également contribué. La lampe ne sera produite pour la première fois qu’en 1927. Avec son piétement de verre transparent et son abat-jour de verre opalin, elle ressemble à une représentation simplifiée de la fonction d’éclairer. On ne peut être plus Bauhaus !
7/ La théière de Marianne Brandt (1893-1983)
En 1924, Marianne Brandt réalise un service à thé et à café complet. Il n’en reste qu’un seul exemplaire à la fois intégral et original, mais on peut voir la théière en solitaire dans différents musées, notamment au MoMA de New York. C’est de là que le dessin technique de l’objet a été envoyé à Tecnolumen pour que ce label de design puisse le reproduire et le commercialiser sous la référence Bauhaus Teapot MBTK 24 SI.
8/ Le jeu d’échecs Modell XVI de Josef Hartwig (1880-1955)
Tailleur de pierre à l’origine, Josef Hartwig est engagé par Gropius en 1921 pour diriger l’atelier de sculpture de pierre et de bois. Dans sa version du jeu d’échecs s’exprime la volonté de dépouiller l’ensemble du symbolisme religieux ou monarchique dont il est traditionnellement empreint de par ses formes. L’objet, tout en bois, devient anguleux, un peu abstrait. Ses pièces ne sont plus seulement figuratives : elles représentent la façon dont elles se déplacent sur l’échiquier. C’est Joost Schmidt qui en dessine la boîte, en bois elle aussi. Depuis 1981, le fabricant de jouets suisse Naef s’est donné pour mission de faire entrer cette merveille dans les salons
9/ Le fauteuil D1 « Kubus » de Peter Keler (1898-1982)
Il a un air de fauteuil LC2 de Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand ou du Confortable de Jean-Michel Frank, mais son dossier est légèrement basculé en arrière. Comme quoi, on peut être consensuel et avoir du caractère, être passe-partout tout en étant sublime ! L’approche radicale de Peter Keler a été légèrement réinterprétée en 2018 par le designer Tobias Gross pour le label de design Tecta, qui l’édite, proposant le fauteuil dans de nouvelles couleurs de velours qui jouent sur deux nuances différentes. Les formes mises au point au Bauhaus résistent décidément à tout…
10/ Le fauteuil B3 « Wassily » de Marcel Breuer (1902-1981)
S’il ne lui était pas particulièrement destiné au départ, c’est bien sur les photos d’archives du logement de fonction de Kandisky à Dessau qu’apparaît en premier le fauteuil Wassily, pour lequel le peintre avait exprimé sa grande admiration. Son armature d’acier tubulaire, issue du monde de la bicyclette, est, pour Marcel Breuer, censée libérer son usager de l’encombrement et de l’entretien inhérents à un fauteuil club. Avec son édition chez Knoll (et aussi, un temps, chez Thonet et chez Gavina), le Wassily s’abonne aux salles d’attente et aux intérieurs chics. Il est toujours prisé, en édition aussi bien moderne que vintage.
11/ Les tables gigognes B9 de Marcel Breuer (1902-1981)
Marcel Breuer n’a pas inventé les tables gigognes, mais il a eu l’idée de les moderniser en leur donnant une structure plus fine et plus élégante qu’avec le bois. Les B9 apparaissent dans le catalogue de l’éditeur allemand Thonet dès 1930. Si elles n’étaient pas destinées à une clientèle aisée au départ, ces tables, comme toute la lignée à laquelle elles appartiennent, sont devenues la « petite robe noire » du mobilier haut de gamme.
12/ La chaise S 33 de Mart Stam (1899-1986)
On retrouve l’influence de la forme cubique, chère aux acteurs du Bauhaus, mais posée cette fois-ci seulement sur les deux pieds avant. Quand il verra ce siège au piétement luge, l’artiste Kurt Schwitters se demandera pourquoi on mettait, jusque-là, quatre pieds aux chaises. Celle-ci, de l’architecte néerlandais Mart Stam, premier à avoir essayé l’acier tubulaire, a fait sensation à l’exposition du Werkbund dans la cité de Weissenhof, à Stuttgart, en 1927. Et dire que son prototype était fait de conduites de gaz reliées par des brides… C’est ainsi que la fameuse chaise en porte à faux est née.
13/ Le cendrier 90010 de Marianne Brandt (1893-1983)
Pas mal pour un cendrier ! Il fait partie de ces petits objets dont la simplicité de forme sert la fonction tout en offrant, malgré sa taille, esthétique et variété de matériaux. Le label de design italien Alessi en propose cette année une version en laiton doré pour marquer le centenaire du Bauhaus. Pour l’occasion, Alberto Alessi en personne n’hésite pas à paraphraser Nietzche : « La seule chose qui peut encore aspirer à être un chef-d’œuvre de nos jours, c’est une petite chose. » Le design renaît de ses cendres !
14/ Le plafonnier DMB 26 de Marianne Brandt (1893-1983)
On ne parle pas assez de Marianne Brandt de nos jours. Sa participation au Bauhaus a pourtant été capitale. Elle s’est en effet refusée à se cantonner au textile, vers lequel, malgré l’égalité de traitement promise, on destinait les femmes. Dès 1926, Marianne Brandt prouve que la maîtrise technique n’est pas une affaire de sexe : elle crée, et c’est tout. C’est Tecnolumen qui produit aujourd’hui ce plafonnier DMB 26, l’un des sept luminaires qu’elle a dessinés.
15/ La chaise S 533 de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
Inspiré par les expérimentations de l’architecte néerlandais Mart Stam, lequel est suivi dans ses recherches par Marcel Breuer, Mies van der Rohe livre ici sa version du siège à piétement luge en porte à faux, aussi confortable qu’élégant. Thonet vient de sortir le fauteuil S 533 F (soit la version dotée d’accoudoirs) dans une édition limitée anniversaire développée par Studio Besau Marguerre, avec assise en cuir et deux finitions de métal.
16/ Le fauteuil pliant D4 de Marcel Breuer (1902-1981)
Alors que son fauteuil B3 « Wassily » était parfois considéré comme encombrant, Marcel Breuer en produit, sous le nom de B4, une version pliante, ne prenant ainsi de la place que lorsqu’on s’en sert. On reconnaît d’emblée l’usage de l’acier tubulaire, dont l’architecte est coutumier, habillé de panneaux de cuir ou de toile, notamment un tissu de fil d’acier particulièrement adapté à un usage extérieur. Réédité (et rebaptisé D4) par Tecta, il est depuis lors exposé au musée de l’éditeur, à Lauenförde, ce qui a inspiré à Breuer, peu de temps avant sa mort, cette déclaration : « C’est comme un vieux rêve oublié. »
17/ Le fauteuil D42 Weissenhof de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
Mies van der Rohe a été inspiré par la chaise à piétement luge de Mart Stam. Pour l’exposition au Weissenhof de Stuttgart en 1927, l’Allemand enfonce le clou avec ce grand arc métallique formant le porte-à-faux et cette illusion d’être assis sur de l’air. L’architecte veut voir son siège dans les maisons élégantes qu’il construit. Quelque part, il donne une forme moderne au lifestyle de l’époque. Un fauteuil devenu un intemporel du catalogue Tecta.
18/ Le service sucre et crème 90042 de Marianne Brandt (1893-1983) et Helmut Schulze
Brillant de tous ses atomes d’acier inoxydable, ce service comprend un pot à crème, un sucrier, un plateau et une pince. Mince, il n’y a pas un angle droit dans l’ensemble ! Tout y est rond, miroitant et quasiment sans aspérité. On ne saura jamais si Marianne Brandt, première femme à diriger l’atelier du métal au Bauhaus, l’a conçu ainsi pour évoquer la sensualité ou par souci de perfection technique et par obsession du détail. Qu’importe la réponse, le résultat combine les trois. Une aubaine pour Alessi, qui le réédite aujourd’hui.
19/ La chaise longue sur roues F41E de Marcel Breuer (1902-1981)
Ce trésor vintage, toujours édité par Tecta, donne invariablement l’impression d’être vu pour la première fois. L’architecte Marcel Breuer l’a pourtant conçu il y a 90 ans, et son épure lui a permis de passer entre les gouttes de l’obsolescence. Rien de gratuit dans ses formes. Ses roues, qui lui permettent d’être déplacé, mais lui donnent aussi des airs de bolide, même quand il est à l’arrêt. Marcel Breuer ne faisait pourtant pas de clin d’œil de style. Néanmoins, ses œuvres parviennent toujours à capter le regard rien que par leur intégrité, et l’indifférence à l’effet leur confère une grâce extraordinaire.
20/ Le fauteuil S35 de Marcel Breuer (1902-1981)
Il a fait sensation en 1930, lors de l’exposition du Deutscher Werkbund au Grand Palais, à Paris. Tout y semble une réaction au confort bourgeois traditionnel. Avec le S35, Marcel Breuer nous assoit dans un dessin dont les traits seraient un fil d’acier tubulaire. Et chez Thonet, qui l’édite, si les oscillations des accoudoirs et de l’assise ne suffisent pas au confort, un repose-pieds assorti est prévu.
21/ La chauffeuse Barcelona de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
Elle est depuis longtemps l’une des plus grandes icônes du design du XXe siècle. Prisée des architectes, cette chauffeuse a été conçue pour meubler le pavillon allemand de l’Exposition universelle de Barcelone, réalisé par Ludwig Mies van der Rohe. C’est sur ce siège que devaient s’installer les souverains espagnols en visite. Son élégance ? Du pur dépouillement chic illustrant à lui seul la maxime « Less is more ». Pour le centenaire du Bauhaus, Knoll vient d’en sortir une édition limitée à 365 exemplaires. Le choix d’une nouvelle couleur de cuir, verte, achève d’en faire un objet rare.
22/ La lampe multifonction WNL 30 de Wilhelm Wagenfeld (1900-1990)
L’idée de départ ? Une sorte de couteau suisse de l’éclairage, une lampe de chevet qui pourrait aussi être une applique ou la source de lumière d’un piano ou d’une étagère. C’est Wilhelm Wagenfeld en personne qui a transmis le dessin de cette réédition au label allemand Tecnolumen. Après avoir été élève à l’atelier d’orfèvrerie, il enseigne au Bauhaus à partir de 1925. Rien, pas même le fait d’être envoyé sur le front oriental après avoir refusé d’adhérer au parti nazi, n’empêchera Wagenfeld de créer et d’enseigner, sa vie durant.
23/ Le bureau S 285 de Marcel Breuer (1902-1981)
Conçu à l’époque des téléphones en Bakélite, le bureau S 285 de Marcel Breuer est parfaitement adapté à l’utilisation contemporaine d’un ordinateur et de ses périphériques. L’architecte, qui a étudié l’ébénisterie et expérimenté le parti à tirer du tube d’acier, a assemblé ces caissons en frêne noir teinté de façon telle qu’ils semblent léviter. Aujourd’hui, Thonet produit ce bureau avec des tiroirs qu’on peut extraire. Attention, quand le téléphone sonne, on peut encore avoir l’impression que c’est un appel du Bauhaus…