Tous les deux ans depuis 1988, le prestigieux prix Mies van Der Rohe met à l’honneur cinq talents européens de l’architecture contemporaine. Les lauréats de l’édition 2019 viennent d’être dévoilés et c’est à la France que revient le premier prix, qui sera remis le 7 mai dans le cadre du pavillon créé par l’architecte allemand à Barcelone. Les trois cabinets Lacaton & Vassal, Frédéric Druot et Christophe Hutin sont les heureux récipiendaires du Prix Mies van Der Rohe grâce à leur transformation de 530 logements pour leur projet du Grand Parc à Bordeaux. Ce triumvirat a su se distinguer des 383 autres studios en lice avec un ouvrage ambitieux puisqu’il comprend la rénovation de trois imposants bâtiments de logements sociaux sans que les locataires n’aient à quitter leurs appartements pendant la rénovation.
La fondation Mies van der Rohe et l’Union européenne, qui portent ce prix, ont salué la manière « d’optimiser les espaces et d’apporter une nouvelle qualité de vie » aux habitants. Après leur passage, chaque appartement a été agrandi grâce à la réalisation d’ingénieux jardins d’hiver et de balcons apportant lumière et espace aux locataires. Le projet a également séduit par sa volonté de travailler main dans la main avec les habitants des trois blocs d’immeubles et de ne pas augmenter les loyers après la rénovation.
Dans le reste du son palmarès, le prix Mies van Der Rohe a souhaité honorer des projets qui se réapproprient des bâtiments situés dans des zones rurales. C’est le cas de la rénovation d’un ancien centre psychiatrique abandonné à Melles (Belgique). Porté par le cabinet d’architectes De Vylder-Vinck-Taillieu, le projet a été salué par sa capacité à offrir une nouvelle vie à un lieu destiné à la démolition.
Un nouveau souffle, c’est aussi ce que propose le Skanderbeg Square à Tirana. Cette place centrale de la capitale albanaise ne jouait plus de rôle social, de lieu de rencontre. Le groupement d’architectes 51N4E, Anri Sala, Plant en Houtgoed et IRI lui ont redonné cette fonction en la rendant piétonne et la recouvrant de pavés provenant de tout le pays. C’est la première fois qu’un projet albanais figure parmi les lauréats de ce prestigieux concours.
En Espagne, la fondation a distingué l’auditorium et le centre de congrès de Plasence, à l’ouest de Madrid pour son caractère multifonctionnel. Ce bâtiment très lumineux a été bâti avec l’idée d’être plus qu’une salle de conférence et de pouvoir devenir un espace public important de la ville. Le cabinet Selgascano, à l’origine du projet, a construit ce lieu en voulant conserver une surface au sol la plus faible possible en vue d’un développement urbain futur de cette zone.
Le dernier finaliste est un nouveau bâtiment remarquable dans le paysage berlinois. Pensées et réalisées par le groupement d’architectes Brandlhuber+ Emde, Burlon et Muck Petzet, les Terrassenhaus ou « maisons terrasses » proposent des espaces de vie hautement modulables. Ce projet mêle surfaces commerciales et logements. Ses architectes ont cherché à rompre ces frontières pour tendre vers une nouvelle façon d’appréhender le bâti dans l’espace urbain.